Nous vivons une époque où se multiplient des lanceurs d’alertes nous disant que tout peut s’effondrer, que l’humanité est en danger et que, face à une catastrophe écologique et sociale déjà amorcée, elle est confrontée au plus grand défi de son histoire.
Jusqu’à aujourd’hui, les mythologies et les religions ont imaginé et cru à de nombreuses fins du monde dont aucune ne s’est réalisée, mais depuis la moitié du siècle dernier, la création de l’arme nucléaire, la raréfaction des ressources, la surpopulation, et de nombreux dommages environnementaux, ont fait passer l’idée d’une extinction de l’humanité de la fiction à la réalité.
Durant le siècle dernier, au cours de la deuxième guerre mondiale, une jeune femme juive, Etty Hillesum, entrevoyait, elle aussi, et commençait à vivre, dans des conditions éprouvantes, un effondrement : celui de son peuple.
Le 29 juin 1942, elle relève dans son journal ce qu'elle vient d'apprendre par la radio britannique, à savoir que 700.000 juifs ont déjà été exterminés par les nazis. Une double conviction la saisit alors et ne la quittera plus : « On veut notre extermination complète : cette certitude nouvelle, je l'accepte... mais une certitude acquise ne doit pas être rongée ou affaiblie par une autre. Je travaille et je vis avec la même conviction et je trouve la vie pleine de sens, oui, pleine de sens malgré tout, même si j'ose à peine le dire en société. »
Nous sommes aujourd’hui confrontés au même défi qu’Etty, celui de vivre une fin collective causée par l’émergence de multiples barbaries (capitalistes, nationalistes, carnivoristes…) : celle de notre civilisation industrielle, et peut-être celle de l’humanité. La manière dont elle a vécu celle de son peuple face à la barbarie nazie, avec lucidité, espoir et amour, peut nous aider à vivre celle qui nous attend.
