Dans cette histoire universelle des fleurs que nous conte Alain Delaye, c'est une fresque magnifique qui se dévoile dont les éléments n'avaient jamais, à ma connaissance, été agencés de la sorte. Ces éléments nous racontent l'histoire des fleurs dans les grandes civilisations du monde, en quoi elles ont intensément contribué au développement des rites et rituels socioculturels ; ou, au contraire, comme dans le judaîsme, elles ont fait défaut è l'expression de la vie personnelle et collective. Le jeune christianisme exprima les deux tendances, la juive et la romaine, avant de se réconcilier pleinement avec les fleurs dans l'art gothique. On apprend également que l'Afrique, continent des fleurs éphémères, n'en fit guère de cas, recourant aux herbes utilitaires pour soigner et guérir, sans véritables préoccupations esthétiques. Ainsi chaque civilisation tissa avec ses fleurs des rapports dont la nature éclaire singulièrement les préoccupations et priorités propres à chacune d'elles. Quant au XXè siècle, sa marche et sa démarche de millénaire finissant croule sous les fleurs, désormais démocratisées : concours floraux et floralies occupent les loisirs des urbains comme des ruraux.