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chez Alain Delaye

A L’ÉCOUTE DES SAGES

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ANANDAMOYI

Souffrir d'une limitation est une manifestation de l'Illimité. Vos limites sont l'occasion d'un retournement qui vous renvoie à ce que vous êtes à l'origine.


Les chemins sont sans nombre... Où il est question d'Infini, la variété des approches est aussi infinie, et les révélations sur ces chemins sont illimitées.


Pour chacun, le chemin est différent. Là où vous êtes commence un chemin. Car il n'y a que Lui et nul autre où que l'on se tourne.


Des personnes en quête de Vérité préfèrent avancer sans maître. Leur ligne d'approche le veut ainsi. l'Être suprême se révèle alors dans l'intensité de leur engagement... Il trouve le moyen d'intervenir sans qu'aucun enseignement extérieur ne soit nécessaire... Pourquoi serait-ce impossible ? Le voile de l'ignorance ne demande qu'à se disloquer.


Dieu donne ses instructions de toutes les façons. On peut apprendre des arbres, des animaux. Le gourou est partout présent.

Il n'y a pas de fin à ce que vous voudriez savoir. Plutôt que de vous enquérir ainsi, posez-vous la question : "Comment ouvrir mes yeux ?"


L'ineffable Vérité s'expérimente de deux façons : par le Silence du Soi-en-toute-lumière, ou par le jeu incessant de Celui qui joue tous les rôles.


En mer, ceux qui veulent nager plus vite que les autres regardent fatalement derrière eux. Ceux dont le but est la mer elle-même, rien ne les préoccupe : ce qui doit être est. Abandonnez-vous aux flots, laissez-vous porter par les courants.

Faites alterner jouissance et détachement. Progressivement, en acceptant et en éloignant les plaisirs, le désir perdra son emprise.


Ne vous satisfaites pas des joies fragmentaires ; elle sont fatalement remises en cause. Soyez complets... Soyez Vous-même. 

Dieu octroie sa grâce de deux façons : en favorisant et en défavorisant.


Si le Bien-Aimé est le Soi, la défaite est Lui aussi, et tout ce qui se défait. Les maladies sont des êtres comme vous. Je ne vous renvoie pas quand vous venez à moi. Pourquoi ferais-je une exception avec elles ? C'est aussi Son jeu.


Tout passe. La mort passe, la mort meurt.


Rien ne doit être forcé. Il suffit de favoriser un bon climat et vos proches se développent spontanément. Le fruit le plus succulent est celui qu'on laisse mûrir tranquillement sur sa branche.


Dénouez ce que vous pouvez. Le reste se dénouera de soi-même.


Il n'y a rien à quoi renoncer. Trouvons plutôt l'élan pour traverser la vie. Après tous ses élans restreints, l'être humain doit trouver le Grand Élan.


Passez le plus de temps que vous pouvez à l'air libre... contemplez montagnes et océans. Regardez au moins le ciel dès que vous le pouvez et vos entraves se relâcheront. Elles vous laisseront libres. Une conscience éveillée ne s'épanouit que dans un corps libre, un esprit libre.


La Connaissance suprême ne vient pas "au moyen" de quoi que ce soit. La Connaissance suprême se révèle d'elle-même. Mais, pour désagréger ce qui "voile", certaines pratiques sont opportunes.


Est vu, vraiment vu, ce qui une fois vu enlève tout désir d'en voir plus. Est entendu, vraiment entendu, ce qui une fois entendu enlève tout désir d'en entendre plus.


La pleine jouissance de la vie ne s'obtient que dans un esprit d'absolu détachement. Vous serez comblé à la mesure de votre effacement.


A chaque fois que vous entreprenez quelque chose, donnez vous coeur et âme. Rien ne doit être fait sans soin et sans attention.


Effectuez de plus en plus d'actions pour faire grandir un désir... celui de jouir du Réel ! Les désirs de jouissances plus ordinaires disparaîtront d'eux-mêmes. Si vous vous y adonnez encore, ce sera en tout cas dans un esprit de détachement.

Vous êtes ballottés d'un désir à l'autre. Votre vie oscille ainsi dans l'état de "nature désirante". Passez de là à votre vraie nature.


Pour jouer un rôle, il faut être oublieux de soi-même.


Que l'on emprunte le chemin de l'amour où le "je" se perd dans le "Toi", ou le chemin de l'introspection en quête du vrai "Je", c'est Lui seul qui est trouvé, dans le "Toi", dans le "Je".


Dans un premier temps, on le perçoit dans les êtres, les choses ; et puis on ne Le voit plus dans quoi que ce soit, car lui seul est : arbres, fleurs, eau, terre, tout est le Bien-Aimé.


Essayez de considérer chaque personne comme vous-même. Vous en viendrez à considérer chaque manifestation dans l'univers comme une partie de vous.


Il n'y a ni révélation, ni secret. Ce qui se propose est de tout temps présent.


Quand vous dites : "Untel vient de s'en aller", il ne faut pas oublier qu'en un sens personne n'est parti. Absente de tout va-et-vient, chaque existence est présente de tout temps.


On tente de méditer, on "fait" de la méditation, mais le jour où la méditation émane de soi, où elle "est", quel autre monde !

Création, maintien, destruction ne sont qu'un seul et même événement.


Être à la fois fini et infini, là est la grande plongée.


Toutes les formes, je les reconnais pour miennes ; éternellement, ainsi, j'existe ; je suis toutes formes, tout mode d'apparition ; par des voies d'une infinie diversité, elles vivent en moi, et moi je vis en elles.

Je suis l'univers jusqu'à la moindre poussière, au moindre insecte.

Tout ce qui est au monde, arbres, plantes, insectes, reptiles, toute autre forme de vie, leur naissance est votre naissance, leur mort est votre mort. Tout est vous, vous êtes tout.


Extraits de Vie en jeu , textes d'Anandamoyi (Éd. Accarias - 1995)

APERÇU BIOGRAPHIQUE


Nirmalâ Sundari, devenue plus tard Mâ Anandamoyi (Mère emplie de joie) ou Matâji, est née au Bengale le 30 avril 1896 dans une famille de brahmanes adorateurs de Krishna. Ses parents étant pauvres, elle n'est pas allée à l'école plus de deux ans et n'a pu apprendre à lire ni à écrire. Mariée à 13 ans à un brahmane, elle fut considérée par son mari comme son gourou. Il lui laissa une grande liberté et ne consomma par le mariage.

Après son mariage, Anandamoyi vécut à Atpara puis à Bhajitpur et à Dacca, s'occupant des tâches de son ménage. 

En 1922, elle a conféré l'initiation à son mari et à elle-même, mais ce fut la seule initiation qu'elle donna, ne se considérant pas elle-même comme un gourou.

En 1924, elle passa de longues périodes en silence total. 

En 1926, pendant la pujâ de Kali, elle plaça du santal sur sa tête et non sur celle de la déesse. Beaucoup de gens commencèrent à cette époque à venir la voir. 

En 1929, fut construit son premier ashram à Dacca. À partir de cette date, elle voyagea et exerça une attrait considérable sur les foules. Connue dans l'Inde entière, elle reçut la visite de nombreuses personnalités, entre autres : Gandhi, Nehru et Indira Gandhi. Des Occidentaux vinrent vivre auprès d'elle, des écrivains la firent connaître et Arnaud Desjardins la révéla à la télévision française.

Daniel Roumanoff a longuement parlé de sa rencontre avec elle dans son journal de voyage : Candide au pays des gourous. D'autres ont témoigné aussi de sa personnalité exceptionnelle et de son rayonnement.

Anandamoyi est morte en août 1982 à Hardwar. On peut visiter son dernier ashram à Bénarès sur les bords du Gange.


LIVRES LA CONCERNANT


- L'enseignement de Mâ Anandamayi, traduit par Josette Herbert (Albin Michel).

- Présence de Mâ Anandamayi, (Journal d'Atmananda), traduit par Josette Herbert (Les Deux Océans).

- Visages de Mâ Anandamayi, par Bharati Dhingra (Cerf).

- Ashrams, grands maîtres de l'Inde, Arnaud Desjardins (Albin Michel) : existe en version vidéo (Alizé Diffusion).

- Aux sources de la joie, traduit par Jean Herbert (Albin Michel).

- À la rencontre de Mâ Anandamayi, Entretiens avec Atmanda par Madou-Medirep.

- En tout et pour tout, textes traduits par Jean-Claude Marol et assortis de nombreuses photos (le Fennec éditeur) Collection Communion .

- Vie en jeu, textes traduits par Jean-Claude Marol (Ed. Accarias-l'Originel).

ANAXIMANDRE

Le principe, c'est-à-dire l'élément primordial, des êtres est l'infini. Ce n'est ni l'eau, ni aucun autre de ceux que l'on dit être les éléments, mais une certaine nature infinie, de laquelle naissent tous les cieux et les mondes en eux. Mais ce d'où il y a, pour les êtres, génération, c'est en cela aussi qu'a lieu la destruction, selon ce qui doit être, car les êtres se rendent justice les uns aux autres, selon l'assignation du Temps (en se laissant la place).


Ainsi l'origine et l'élément des êtres est l'infini. De lui toutes choses naissent et en lui toutes choses se résolvent. Il est la cause entière de la génération et de la destruction de tout.


Il n'y a pas d'origine de cette origine, mais c'est elle qui paraît être l'origine des autres choses, et les embrasser toutes et toutes les gouverner... C'est lui le divin car il est immortel et impérissable. Il enveloppe toutes choses et enferme tout en soi, même les cieux, étant infini.


Grâce à cet infini, la génération qu'il produit est inépuisable, et la destruction ne fait jamais défaut. De l'un qui les contient proviennent les contraires et par leur mouvement les choses sont, les unes engendrées, les autres détruites. Ainsi les mondes, en quantité infinie, naissent et périssent à l'infini, dans un mouvement éternel.


Fragments et témoignages (PUF)

APERÇU BIOGRAPHIQUE


Anaximandre est né à Milet, en Ionie, vers l'an 610 avant J.C. Avec Héraclite et Parménide, il est l'un des premiers grands métaphysiciens. Contemporain de Thalès, il est aussi connu comme savant, constructeur de cadrans solaires, cartographe et astronome. Il est le premier à avoir construit une sphère céleste et à avoir isolé la terre en la suspendant dans le vide. Il a une conception évolutionniste des espèces vivantes. Il fut probablement aussi un législateur que l'on sollicita pour donner à la ville d'Apollonia une constitution. On raconte que des enfants s'étant moqué de lui en l'entendant chanter, il dit : "Alors il nous faut chanter mieux, pour les enfants". Il est mort aux alentours de 540 à l'âge de 70 ans.


L'OEUVRE


Anaximandre est l'auteur du premier traité grec en prose et aussi le premier des grands philosophes grecs connus. Il a écrit un ouvrage sur la nature qui est aujourd'hui perdu, mais fut souvent cité par les auteurs anciens à travers lesquels nous le connaissons, entre autres Aristote.


ANAXIMANDRE, Fragments et Témoignages, traduits et commentés par Marcel Conche, collection Épiméthée (PUF -1991) 

ANGELUS SILESIUS

Dieu ne donne à personne. Il est offert à tous,

et peut, si tu ne veux que Lui, être ton bien. (21)


Ni le monde ni Dieu ne peuvent te troubler ;

c'est toi-même, en fait, qui t'inquiètes des choses. (25)


Il n'est rien qui te meuve et toi-même es la roue,

qui d'elle seule court et n'a pas de repos. (37)


Dieu est le grand prodige, car il est ce qu'il veut,

et veut tout ce qu'il est, sans mesure ni but. (40)


Homme, comment peux-tu former désir quelconque

Quand tu renfermes Dieu en toi et toutes choses. (88)


Vois que ce monde passe. Non, il ne passe pas.

Dieu n'efface de lui que son obscurité. (109)


Tu dois être limpide et habiter l'instant

pour qu'en toi Dieu se voie et doucement repose. (136)


L'entier abandonné est toujours libre et un ;

de lui à Dieu, peut-il y avoir différence ? (141)


Que désirer encore, quand tu peux à toi seul

être le ciel, la terre et des myriades d'anges ? (149)


Le feu fond et unit : à ton point d'origine,

ton esprit avec Dieu sera fondu en Un. (163)


La Sagesse a plaisir d'être avec ses enfants.

C'est que, merveille, elle est elle-même un enfant. (165)


Toi-même fais le temps, tes sens en sont mesure.

Que l'inquiétude cesse et c'en est fait de lui. (189)


Je ne sais vers quoi tendre ! Tout m'est un : lieu, non lieu,

éternité et temps, nuit et jour, joie et peine. (190)


La vacuité parfaite est comme un vase noble

qui contient du nectar : il a, mais ne sait quoi. (209)


Les créatures sont la voix de la Parole

qui résonne et se chante en douceur et courroux. (270)


La rose est sans pourquoi, fleurit car elle fleurit,

ne se regarde pas, ni cherche à être vue. (289)


Quelle stupidité d'aller boire à la flaque,

et laisser la fontaine au cœur de la maison. (300)


Aphorismes

APERÇU BIOGRAPHIQUE

Angelus Silesius (1624-1677), de son vrai nom Johannes Scheffler, philosophe, poète et médecin, est passé des Rose-Croix au protestantisme, puis au catholicisme où il est devenu jésuite. Il compte aujourd'hui parmi les grand mystiques chrétiens, dans la lignée de Tauler, Eckhart, Ruysbrœk et Suso. Il situe Dieu au-dessus de toute définition et compréhension, inaccessible à toute prise humaine. D'où une spiritualité de détachement et d'abandon.


ŒUVRES


Angelus Silesius a publié des pamphlets et des poèmes. Parmi ces derniers, le plus original et le plus fort s'intitule "Le pèlerin chérubinique".

- Traduction partielle : 

La rose est sans pourquoi (Éd. Arfuyen - 1988).

- Dernières traductions complètes : 

Le pèlerin chérubinique (PUF - 1964).

L'errant chérubinique (Éd. Arfuyen - 1993).

ARISTOTE

Ce sont les actions conformes à la sagesse qui sont les vrais plaisirs de l'homme. Elles ne sont pas seulement agréables, elles sont en outre bonnes et belles.


Peut-être que la plus grande supériorité de l'homme sage, c'est qu'il voit le vrai dans toutes les choses, parce qu'il en est comme la règle et la mesure ; mais pour l'ignorant, l'erreur en général vient du plaisir, qui paraît être le bien sans l'être réellement. L'ignorant choisit le plaisir qu'il prend pour le bien et il fuit la peine qu'il prend pour le mal.


Le désir du plaisir est insatiable, et il naît de tous côtés dans le coeur de l'insensé que la raison ne conduit pas... Toutefois, le plaisir est l'acte d'une manière d'être conforme à la nature. Il vient en général de chacune de nos facultés et ne saurait être un obstacle pour aucune d'elles.


On mérite le nom de tempérant et de sage, si l'on ne s'afflige pas de l'absence du plaisir et de la privation qu'on endure. Les désirs du sage sont modérés. Il recherche avec mesure et de la manière qui convient, tous les plaisirs qui contribuent à la santé et au bien-être. Il prend même tous les autres plaisirs qui ne nuisent point à ceux-là, et qui ne sont ni contre la beauté morale ni au-dessus de sa fortune.


Le bonheur ne consiste pas dans l'amusement ; il serait absurde que l'amusement fût le but de la vie ; il serait absurde de travailler durant toute sa vie et de souffrir rien qu'en vue de s'amuser... La vie heureuse est la vie conforme à la vertu, et cette vie est sérieuse et appliquée ; elle ne se compose pas de vains amusements.


De toutes les activités conformes à la vertu, celle qui nous charme et nous plaît davantage c'est, de l'aveu de tout le monde, l'exercice de la sagesse... Le sage est le plus indépendant des hommes et le plus en état de se suffire... et si l'intelligence est quelque chose de divin par rapport au reste de l'homme, la vie selon l'intelligence est une vie divine.


L'homme qui vit et agit avec intelligence, me paraît à la fois et le mieux organisé des hommes et le plus cher aux Dieux.... c'est lui qui me paraît le plus heureux des hommes ; et j'en conclus que le sage est le seul qui soit, en ce sens, aussi parfaitement heureux qu'on peut l'être.


Celui-là saura toujours traverser avec dignité toutes les épreuves, dont la sincère vertu est sans tache et qui est peut-on dire, carré par sa base... Et dans ces épreuves mêmes, la sagesse brille de tout son éclat... A notre avis, l'homme vraiment vertueux, l'homme vraiment sage, sait faire face à toutes les situations sans rien perdre de sa dignité ; il sait toujours tirer des circonstances, le meilleur parti.


Si tous les hommes en étaient à lutter uniquement de vertu et s'efforçaient de toujours faire ce qu'il y a de plus beau, la communauté tout entière verrait dans son ensemble tous ses besoins satisfaits ; et chaque individu en particulier posséderait le plus grand des biens, puisque la vertu est le plus précieux de tous.


La douceur est un milieu en ce qui concerne tous les sentiments emportés... S'il semble que la douceur pèche plutôt par défaut que par excès, c'est qu'un caractère doux ne cherche pas à se venger, et qu'il incline bien davantage au pardon


L'amitié est un des besoins les plus nécessaires de la vie. Personne n'accepterait de vivre sans amis, eut-il par ailleurs tous les autres biens... Quand les hommes s'aiment entre eux, il n'est plus besoin de justice. Mais ils ont beau être justes, ils ont encore besoin de l'amitié ; et ce qu'il y a sans contredit de plus juste au monde, c'est la justice qui s'inspire de la bienveillance et de l'affection. 

Quand on aime par intérêt, et pour l'utilité, on ne recherche au fond que son bien personnel. Quand on aime par le motif du plaisir, on ne recherche réellement que ce plaisir même. Dans les deux cas, on n'aime pas celui qu'on aime pour ce qu'il est réellement... L'amitié parfaite est celle des gens qui sont vertueux et qui se ressemblent par leur vertu ; car ceux-là se veulent mutuellement du bien en tant qu'ils sont bons. Une amitié de cet ordre est durable... Ceux qui sont amis par vertu cherchent uniquement à se faire un bien réciproque ; c'est là le propre de la vertu et de l'amitié. 

L'amitié du reste semble consister bien plutôt à aimer qu'à être aimé. Ce qui le prouve c'est le plaisir que ressentent les mères à prodiguer leur amour, ne cherchant même pas à obtenir quelque retour d'affection.

Même les gens les plus inégaux peuvent être amis ; leur estime mutuelle les rend égaux.

Les sentiments d'affection qu'on a pour ses amis et qui constituent les caractères de l'amitié semblent tirer leur origine de ceux qu'on a pour soi-même. Ce que l'homme vertueux est à l'égard de lui-même, il l'est à l'égard de son ami, puisque son ami est un autre lui-même. Autant donc chacun aime et souhaite sa propre existence, autant il souhaite l'existence de son ami. Mais nous avons dit que si l'on aime l'être, c'est parce qu'on sent que l'être qui est en nous est bon ; et ce sentiment là est en soi plein de douceur. II faut donc avoir conscience de l'existence et de l'être de son ami ; et cela n'est possible que si l'on vit avec lui, et si l'on échange dans cette association paroles et pensées.


Ethique à Nicomaque (Le Livre de poche)

APERÇU BIOGRAPHIQUE


Aristote est l'un des plus grands philosophes grecs et son influence, très forte en Occident au Moyen âge, est à la source de notre science moderne. Il est né en Macédoine, en 385 avant J.C., à Stagire, d'où son pseudonyme : le Stagirite. 

Après des études faites à Athènes, où il fut l'un des plus brillants élèves de Platon, il devint conseiller du tyran Hermias à Assos, puis précepteur du fils du roi Philippe de Macédoine : Alexandre.

A la mort de Philippe, lorsque Alexandre monta sur le trône (en 335), Aristote retourna à Athènes. En pleine possession de ses moyens (il avait 50 ans), il fonda le Lycée (Peripatetos : péristyle ou l'on philosophait en marchant). Dans cette école, rivale de l'Académie de Platon, il enseigna pendant douze ans.

En 323, à la mort d'Alexandre, Aristote fut inquiété à Athènes pour son origine et son passé macédoniens. Il quitta alors la ville et se réfugia à Chalcis où il mourut l'année suivante, en 322 av. J.C., à l'âge de 63 ans.


L'OEUVRE


Les oeuvres publiées par Aristote sont aujourd'hui perdues. Nous restent des textes non destinés à la publication, c'est-à-dire pour la majorité des notes dont il se servait pour enseigner au Lycée et qui ont été recueillies par ses élèves. Elles ont été publiées trois siècles après la mort du philosophe par Andronicos et ont donné lieu par la suite à d'innombrables commentaires. La présentation systématique de ces écrits n'est donc pas le fait d'Aristote dont la pensée souple ne procède pas de manière dogmatique.

Vu sous l'angle de la sagesse, son ouvrage le plus intéressant est l'Éthique à Nicomaque qui, comme ses autres textes a connu de multiples éditions. On peut en trouver le texte intégral dans le Livre de Poche.

ASANGA

Après d'innombrables épreuves, après une durée incalculable, après l'anéantissement de voiles innombrables, la Connaissance de tous les phénomènes s'offre purifiée comme un coffret de pierreries largement ouvert. Elle a pour nom "bouddhéité". Toutes les choses ont pour essence la bouddhéité et pourtant la bouddhéité n'est pas une chose puisqu'elle est absolue...


La bouddhéité a beau être la totalité des choses, elle échappe à toute chose. On la compare à une mine de joyaux ainsi qu'à un nuage, car elle déverse sur les êtres l'inépuisable pluie de l'Enseignement qui fait pousser de grandes moissons de vertus.

Accéder à la bouddhéité consiste à obtenir un changement de support grâce à la voie de la Connaissance indifférenciée, très pure et majestueuse en son champ d'action : le domaine infini du connu.


Prenant là ses assises, le Bouddha contemple le monde comme d'une cime montagneuse; il est saisi de compassion à l'égard de ceux qui se complaisent dans la quiétude, que dire alors de ceux qui se plaisent dans l'agitation.


De même que l'on considère l'espace comme toujours omniprésent, ainsi la bouddhéité est considérée comme toujours omniprésente. De même que l'espace pénètre dans toutes les formes, ainsi pénètre-t-elle en la multitude des êtres.


Un feu brille ici et s'éteint là-bas... De même, les Bouddha se montrent ou ne se montrent pas.


Comme un son musical qui surgirait d'instruments sans qu'on les touche, ainsi l'enseignement apparaît chez les Vainqueurs de façon spontanée. Comme une pierre précieuse révèle sans effort son propre éclat, de même les Bouddha manifestent leur activité spontanée.


Dans la vacuité immaculée, les Bouddha, grâce à l'obtention du Soi éminent sans individualité, accèdent à la gloire du Soi puisqu'ils ont obtenu le Soi très pur.


L'Éveil est comme une mine pour les joyaux que sont les vertus des Bouddha ; il est comme un grand nuage pour les moissons des biens de ce monde. Il déborde de mérites et de connaissances, ainsi le compare-t-on à la pleine lune, et puisqu'il engendre la lumière de la Connaissance, il est semblable au grand soleil.

Dans le disque solaire les rayons en nombre infini se mêlent et déploient toujours une seule et même activité : ils éclairent le monde. De la même manière, dans le domaine absolu, étranger à tout flux, les Bouddha en nombre infini mêlent au cours de leurs tâches leur unique activité : ils illuminent par la connaissance !

Les rayons solaires opèrent sans s'approprier un moi, ainsi en est-il des connaissances des Bouddha. Le monde est illuminé par les rayons qu'émet simultanément le soleil, et c'est en une seule fois aussi que les Bouddha illuminent de leurs connaissances le monde entier.

les nuages forment le voile qui cache les rayons du soleil, de même la perversité des êtres est ce qui obstrue les connaissances des Bouddha...


Incommensurable, inconcevable est l'efficience des Bouddha quant à la personne pour qui elle s'exerce, quant au lieu, à la manière, à la quantité et au temps.


Le monde s'accroît en bien et atteint la plus haute pureté... Grâce aux bonnes paroles des Vainqueurs, le monde, qu'il soit mûr ou non, progresse perpétuellement, car il est infini.


L'Éveil éternel est le refuge certain de ceux qui n'ont pas de refuge. En vérité, quelle merveille !


Les Bouddha ne pensent pas : "Celui-ci est mûr pour moi, je dois pousser celui-là à mûrir", ou encore "Celui-ci mûrit maintenant" ; mais l'humanité elle-même, grâce aux dharma vertueux, s'avance par les trois véhicules vers sa maturation, de tous côtés, en tous sens, constamment.


Sans effort, de ses rayons vastes et lumineux, le soleil de tous côtés fait mûrir les moissons, de même sans le moindre effort le soleil de l'Enseignement, par les rayons pacifiques des vertus, agit de tous côtés et en tous sens pour mûrir les êtres.

Comme d'une flamme surgit un immense faisceau de flammes innombrables qui ne s'éteindra jamais plus, de même d'un unique Bouddha surgit un faisceau immense de maturation incalculable, incommensurable qui n'aura jamais de fin.


Jamais saturée d'eau, la mer immense n'est pas accrue par les grandes eaux pures qui y entrent. Ainsi le domaine des Bouddha n'est ni saturé ni accru quand y pénètrent les êtres purs qui y confluent sans cesse. Telle est la plus grande des merveilles !


Mahâyânasûtrâlankâra, ch.IX, (Champion - 1911), trad. S.Levi.

APERÇU BIOGRAPHIQUE


Asanga, l'un des grands maîtres du bouddhisme mahâyâna vécut dans le nord-ouest de l'Inde, à la fin du IVème siècle. Il est le fondateur de l'école vijnâvâda (école de la seule conscience) encore appelée yogâcâra, car elle préconise un yoga comme voie de purification du mental. Son frère cadet, Vasubandhu, est aussi un maître important de cette école.


L'OEUVRE


Compte-tenu de son importance, plusieurs grands traités doctrinaux ont été attribués à Asanga, avec plus ou moins de certitude :

- le Compendium du Grand Véhicule (Mahâyânasamgraha),

- l'Accumulation de la doctrine approfondie (Abhidharmasamuccaya),

- le Traité des étapes des maîtres de yoga (Yogâcârabhûmisastra),

- le Mahâynasûtralankâra,

- et parfois, le Lankâvatâra-sûtra, un grand texte mahâyâna