A L’ÉCOUTE DES SAGES
PARMÉNIDE
... Et la Déesse (Vérité) m'accueillit, bienveillante,
prit ma main droite dans sa main et s'adressa ainsi à moi :
Jeune homme, compagnon de cochers immortels,
toi qui, grâce aux cavales qui t'emportent, rejoins notre demeure,
réjouis-toi. Ce ne fut pas un destin funeste qui t'envoya
parcourir cette voie à l'écart des hommes,
en dehors des sentiers battus, mais le droit et la justice.
Il faut que tu sois instruit de tout :
à la fois du coeur ferme de la vérité, qui persuade avec justesse,
et des opinions des mortels où ne se trouve aucune certitude.
Tu apprendras encore comment était inévitable
que les apparences aient semblance d'être,
traversant tout depuis toujours.
Viens donc, je vais te dire, et tu t'en souviendras,
quelles sont les seules voies où ta pensée peut s'avancer :
l'une, celle de l'être - car il n'y a pas de non-être -
est chemin de persuasion accompagnant la vérité ;
l'autre, qu'il existe nécessairement un non-être,
est un sentier où l'on ne peut rien apprendre.
Car tu ne saurais ni connaître le rien
qui n'offre aucune prise, ni en montrer des signes.
Il faut donc penser et dire que l'étant est ; car l'être seul existe
et pas le néant : cela, je te recommande de le méditer.
Non, on ne pourra jamais affirmer raisonnablement
que les non-étants sont.
Et toi, détourne ta pensée de cette voie,
et ne laisse pas la coutume t'y ramener de force.
Juge par ta raison l'objection que j'ai énoncée.
On ne peut parler véritablement que de l'être
Et l'on peut dire de multiples choses de lui :
qu'étant inengendré, il est aussi impérissable,
entier, unique, inébranlable et sans limite.
Il n'était pas autrefois, ni ne sera plus tard,
puisqu'il est maintenant tout entier ensemble, un, continu.
Quelle naissance, en effet, pourrais-tu lui trouver?
Comment, d'où se serait-il accru ?
Du non-être ? Ceci n'est ni dicible ni pensable.
Quelle nécessité l'eût fait venir au jour
ou plus tôt ou plus tard, à partir de rien ?
Aussi faut-il qu'il soit ou tout à fait ou pas du tout.
Jamais non plus on ne pourra admettre que, de l'être,
puisse, à côté de lui, naître quelque chose.
L'alternative est simple : il y a l'être ou il n'y a rien...
Car s'il est venu à être, il n'est pas ; il n'est pas non plus s'il doit être un jour.
Ainsi sont éteintes, en ce qui le concerne, la gestation et la destruction .
Il n'est pas non plus divisible, puisque tout entier pareil.
Et aucun plus ne peut se trouver en lui, ni aucun moins,
qui l'empêcheraient de se tenir uni.
Non, tout entier il est plein d'être, tout entier continu, car être touche à être.
Immobile dans ses liens puissants, il est sans commencement ni fin.
Restant le même, dans le même état, il repose en lui-même, fermement fixé.
Achevé, il est sans manque ; manquant, il manquerait de tout.
Penser et être vont ensemble,
car sans l'être, le penser ne deviendrait pas parole.
Et le Temps même n'est ni ne sera autre chose en plus de l'être.
C'est pourquoi tout ce que les mortels ont affirmé, croyant que c'était vrai :
naître et mourir, être et ne pas être, changer de lieu et de couleur...
se ramène à des mots.
Partout achevé, il est semblable au corps d'une sphère bien ronde,
du milieu en tout sens pareil... partout égal à soi.
Fragments de son Poème (PUF).
APERÇU BIOGRAPHIQUE
Les historiens situent Parménide d'Élée entre 544 et 450 av. J.C. Avec Xénophane qui lui est antérieur, il est considéré comme le fondateur de l'école éléatique. Il est le premier philosophe à avoir nommé l'Être dans un discours philosophique et à avoir centré sa réflexion sur lui. Il est aussi le premier à avoir formulé l'exigence, pour penser, de ne pas se contredire. Venant peu après Héraclite, il forme avec lui un tandem qui a inspiré et interrogé tous les philosophes ultérieurs.
OEUVRES
La principale est un poème dont il ne nous est parvenu que des fragments. Mais d'autres textes nous ont été rapportés par Sextus Empiricus.
- Le Poème (PUF - 2000).
- Parménide - le poème (PUF - 2000) présenté par Jean Beaufret.
Ceux qui ont étudié le grec et désirent approfondir la pensée de Parménide liront avec intérêt la traduction et le riche commentaire de Marcel Conche qui est l'un des meilleurs spécialistes actuels de la question :
- Parménide, le Poème, Fragments (PUF - 2001) coll. Épiméthé.
TONY PARSONS
Nous semblons ne pas voir, tandis que nous nous hâtons vers la prochaine apogée spirituelle escomptée, que le trésor que nous cherchons est à découvrir non là où nous allons, mais dans la simple nature des pas que nous faisons. Dans notre ruée vers une meilleure situation dans le temps, nous foulons la fleur de l'être qui s'offre en chaque instant.
Il me semble que notre attachement aux buts est né du besoin de nous prouver quelque chose à nous-mêmes. Mais la vie est simplement la vie et elle n'essaie pas de prouver quoi que ce soit. Ce printemps-ci ne tentera pas d'être mieux que le printemps dernier, ni le frêne de devenir un chêne.
En abandonnant notre fascination pour l'extraordinaire et le spectaculaire, nous nous autorisons à reconnaître la merveille simple qui repose dans l'ordinaire. Car la vie est à elle-même son propre but et n'a pas besoin de raison d'être. C'est là sa beauté.
Quand il n'y a pas de moi illusoire, séparé, le fond omniprésent de l'amour inconditionnel est pleinement perçu. C'est ce qui est toujours ouvert et à notre disposition. Il n'y a rien qui existe en dehors du fond de cette unité naturelle. Le "secret" c'est qu'il n'y a pas de séparation, mais cela demeure un secret aussi longtemps que nous croyons être quelqu'un.
Que vous soyez unique ici et maintenant, c'est le secret. Cet instant-ci ne s'est jamais produit auparavant, le voyez-vous ? Il est unique, surgissant et retournant ensuite dans l'infini, pour ne jamais être revu. C'est ce que vous êtes. Vous êtes l'expression infinie qui se déploie et se rétracte sans cesse. Vous ne pouvez arrêter ce qui est ; c'est une danse incessante et éternelle - aussi lâchez prise et permettez à cela d'être. Il ne peut y avoir de processus pour devenir ce qui déjà est, et ainsi il n'y a bien sûr, nulle part où aller et rien à faire. Aucune condition n'a besoin d'être remplie. L'infini n'est pas quelque part attendant que nous nous en rendions dignes.
Quand le moi n'est plus, il y a simplement un abandon en l'aimé. Le jeu se poursuit et il y a une réponse à ce jeu. Et le jeu et la réponse sont l'expression du divin. Tout et chaque chose est vu, entendu, senti, comme étant le bien-aimé.
Si vous êtes complètement submergé par la peur ou la souffrance et avez le sentiment de ne rien pouvoir faire, alors c'est "ce qui est" et il n'y a rien à faire que d'être submergé. C'est aussi une expression de l'infini. Mais il faut dire qu'à l'aube d'une nouvelle lumière, d'une perception différente, il peut très souvent y avoir exacerbation de nos peurs les plus profondes.
Vous vous agrippez à votre existence apparente. Toute votre vie vous avez été conditionné à survivre, à proroger l'espèce, à prolonger une apparente lignée. Voyez le grand message des médias qui vous enjoint de travailler à réussir votre vie... Hypnotisé par la croyance que vous êtes un individu séparé, vous imaginez de ce fait devoir négocier avec l'existence. Ce qui est tout à fait effrayant.
Ce que vous êtes est au-delà de ce que vous avez jamais cru. Vous êtes simplement en train d'être vécu par l'infini pour découvrir que vous êtes l'infini.... Vous êtes la vie et c'est tout ce que vous êtes. Laissez tomber les pourquoi et soyez simplement, totalement immergés dans le miracle merveilleux de la vie juste telle qu'elle est, ici même, en l'instant même...
Quand l'éveil se produit, il est vu que tout est unité. Tout et chaque chose émane du silence et de l'amour inconditionnel. Il y a donc une transformation de la perception. D'un coup, il n'y a plus de personne séparée ici, rien qu'unité. Dès que cela est vu, le fond de l'être, l'amour inconditionnel, est reconnu en tout ce qui est. C'est comme si, instantanément, tout recelait une présence d'amour, de bienveillance universelle.
Il y a aussi, bien sûr, la vision constante que tout est l'aimé. Ainsi il n'y a jamais le sentiment d'être perdu. Il n'y a plus de questions, nulle part où se rendre, rien de plus à devenir. C'est chez soi.
La vie est le seul gourou. Tout ce qui est arrivé jusqu'ici est votre enseignement et est absolument approprié à votre éveil. Vous n'avez besoin de rien sauf de ce que vous avez. N'est-ce-pas merveilleux ? Donc ne vous tracassez pas à propos de ce dont vous avez besoin ou pas. Tout est fourni. Lâchez prise et reposez-vous en ce qui est et vous ferez certainement la rencontre de l'aimé et redécouvrirez votre nature originelle.
Tout mène à l'éveil. Même ce que votre esprit peut considérer comme nuisible vous rappelle l'existence d'une autre possibilité. Abandonnez simplement votre attachement et votre fascination envers l'histoire personnelle et laissez la vie voir lieu.
Laissez à ce que vous êtes le loisir d'émerger. Chaque fois que vous laissez tomber la pensée et êtes avec ce qui est, vous arrosez le sol, et la graine continue à croître. Chaque fois que vous prenez conscience de la nature illusoire de votre conditionnement, il se crée un espace où peut fleurir la compréhension.
L'éveil à notre nature véritable nous place face à la merveille de l'immédiat qui est la seule vraie sécurité. Il est possible alors que vos yeux s'ouvrent et qu'un vaste sentiment de gratitude vous emplisse.
Dans l'éveil on ne voit rien de différent, mais ce qui est vu est désencombré. C'est simplement "ce qui est". Cependant dans ce qui est vu il y a aussi l'essence de l'amour inconditionnel, le fondement de l'être. C'est vu en toute choses que ce soit un coucher de soleil ou une poubelle pleine d'ordures. Chaque chose existe dans la lumière et émane du silence de la source. Il n'y a absolument rien que ne génère ce fond de l'être. Tout est sacré, et nous marchons, parlons et passons notre temps dans ce qui n'est rien moins que le paradis.
Ici, ici même est le siège de tout ce que vous désirerez jamais. C'est simple, ordinaire et magnifique. Voyez-vous, vous êtes déjà chez vous.
Ce qui est (Editions Accarias)
APERÇU BIOGRAPHIQUE
Tony Parsons est anglais. Il est né à Londres en 1933 et a fait à vingt ans une expérience d'éveil qu'il a alors partagé avec quelques amis. Ce n'est pourtant qu'en 1996 qu'il a commencé à communiquer plus largement son expérience au travers d'écrits qui ont suscité de nombreux échos dans l'Europe entière. Son langage est simple et parfaitement adapté à des esprits occidentaux. Il fait partie, selon nous, d'une génération de mystiques contemporains qui vivent et rendent accessible les intuitions les plus profondes des mystiques orientales.
Tony Parsons organise actuellement des causeries et des ateliers en Angleterre. Voir son site : www.theopensecret.com
OEUVRES
A notre connaissance, le seul ouvrage de lui actuellement traduit en français est Ce qui est (titre original : As it is) publié aux éditions. Accarias L'Originel en 2002
BLAISE PASCAL
Les hommes n'ayant pu guérir la mort, la misère, l'ignorance, ils se sont avisés pour se rendre heureux de n'y point penser. Nonobstant ces misères ils veulent être heureux, ne veulent être qu'heureux, et ne peuvent que vouloir l'être...
Quand je me suis mis quelquefois à considérer les diverses agitations des hommes, et les périls et les peines où ils s'exposent dans la Cour, dans la guerre d'où naissent tant de querelles, de passions, d'entreprises hardies et souvent mauvaises... j'ai dit souvent que tout le malheur des hommes vient d'une seule chose, qui est de ne savoir pas demeurer en repos dans une chambre...
Mais quand j'ai pensé de plus près et qu'après avoir trouvé la cause de tous nos malheurs, j'ai voulu en découvrir les raisons, j'ai trouvé qu'il y en a une bien effective qui consiste dans le malheur naturel de notre condition faible et mortelle et si misérable que rien ne peut nous consoler lorsque nous y pensons de près.
Quelque condition qu'on se figure, si l'on assemble tous les biens qui peuvent nous appartenir, la royauté est le plus beau poste du monde et cependant, s'il est sans divertissement... le roi tombera par nécessité dans les vues qui le menacent des révoltes qui peuvent arriver et enfin de la mort et des maladies qui sont inévitables, de sorte que le voilà malheureux, et plus malheureux que le moindre de ses sujets qui joue et qui se divertit.
L'unique bien des hommes consiste donc à être divertis de penser à leur condition ou par une occupation qui les en détourne, ou par quelque passion agréable et nouvelle qui les occupe, ou par le jeu, la chasse, quelque spectacle attachant, et enfin par ce qu'on appelle divertissement...
De là vient que les hommes aiment tant le bruit et le remuement. De là vient que la prison est un supplice si horrible, de là vient que le plaisir de la solitude est une chose incompréhensible... Le roi est environné de gens qui ne pensent qu'à divertir le roi et à l'empêcher de penser à lui. Car il est malheureux tout roi qu'il est s'il y pense.
Aussi les hommes qui sentent naturellement leur condition n'évitent rien tant que le repos. . . Toutefois, leur faute n'est pas en ce qu'ils cherchent le tumulte - s'ils ne le cherchaient que comme un divertissement cela pourrait se comprendre - le mal est qu'ils le recherchent comme si la possession des choses qu'ils recherchent les devait rendre véritablement heureux, et c'est en quoi on a raison d'accuser leur recherche de vanité... Ils ne savent pas que ce n'est que la chasse et non la prise qu'ils recherchent...
On charge les hommes dès l'enfance du soin de leur honneur, de leur bien, de leurs amis, et encore du bien et de l'honneur de leurs amis, on les accable d'affaires, de l'apprentissage des langues et d'exercices, et on leur fait entendre qu'is ne sauraient être heureux, sans que leur santé, leur honneur, leur fortune, et celles de leurs amis soient en bon état, et qu'une seule chose qui manque les rendra malheureux. Ainsi on leur donne des charges et des affaires qui les font tracasser dès la pointe du jour. Voilà direz-vous une étrange manière de les rendre heureux ; que pourrait-on faire de mieux pour les rendre malheureux ? Comment, ce qu'on pourrait faire : il ne faudrait que leur ôter tous ces soucis, car alors ils se verraient, ils penseraient à ce qu'ils sont, d'où ils viennent et où ils vont... C'est pourquoi, après leur avoir tant préparé d'affaires, s'ils ont quelque temps de relâche, on leur conseille de l'employer à se divertir.
Pensée 133 dans Oeuvres complètes (Seuil).
APERÇU BIOGRAPHIQUE
Blaise Pascal est né en 1623 à Clermont en Auvergne. Il ne fréquenta aucun collège mais eut pour maître son père Étienne Pascal qui lui donna une solide formation scientifique. En 1646-47, toute sa famille, et lui avec, se convertit, c'est-à-dire découvrit la profondeur du christianisme qu'elle ne pratiquait alors que superficiellement. Mais Blaise n'en continua pas moins pendant sept ans, à mener une vie mondaine doublée d'une intense activité scientifique. Dès 1647 cependant, il tomba malade et fut soumis à de multiples malaises.
Le 23 novembre 1654, il vécut sa seconde conversion et en consigna la trace dans le Mémorial : un texte qu'on a retrouvé après sa mort cousu dans la doublure de son pourpoint : "Dieu d'Abraham, Dieu d'Isaac, Dieu de Jacob, non des philosophes et des savants..." A partir de ce moment, il mena une vie plus austère et se consacra à la rédaction de textes religieux, sans abandonner pour autant son intérêt pour la science.
Pascal est mort en 1662, à l'âge de 39 ans, d'un cancer du tube digestif avec métastases méningées. La dernière période de sa vie fut marquée par une grande générosité à l'égard des pauvres. Il a laissé de nombreux papiers que sa famille a recueillis et publiés.
L'OEUVRE
C'est celle d'un génie dans au moins trois domaines : scientifique, littéraire et théologique. Son ouvrage le plus connu : les Pensées est un recueil posthume de réflexions qui devaient s'organiser en un traité d'apologétique chrétienne. Mais on étudie aussi dans les collèges ses Provinciales : une série de 18 lettres publiées en collaboration avec Arnaud et Nicole (théologiens de Port-Royal) contre la morale des jésuites.
Ses travaux scientifiques traitent de sujets d'arithmétique, de géométrie et de physique. Ils occupent une place importante dans l'histoire de l'analyse infinitésimale et du calcul des probabilités.
- Pensées (Flammarion - 2001)
- Oeuvres complètes (Seuil - 1963) collection l'Intégrale.
- Oeuvres complètes en quatre tomes (DDB - 1992).
- Oeuvres complètes, tome 1 (Gallimard - 1998) Bibliothèque de la Pléiade.
PAUL DE TARSE
N'ayez de dette envers personne, sinon celle de vous aimer les uns les autres ; car celui qui aime son prochain a pleinement accompli la loi. En effet, les commandements : "Tu ne commettras pas d'adultère, tu ne tueras pas, tu ne voleras pas, tu ne convoiteras pas", ainsi que tous les autres, se résument dans cette parole : "Tu aimeras ton prochain comme toi-même". L'amour ne fait aucun tort au prochain ; l'amour est donc le plein accomplissement de la loi.
Epître aux Romains 13, 8-10
Accordez votre vie à l'appel que vous avez reçu, en toute humilité et douceur, avec patience, supportez-vous les uns les autres dans l'amour, appliquez-vous à garder l'unité de l'esprit par le lien de la paix...
Que chacun dise la vérité à son prochain, car nous sommes membres les uns des autres. Êtes-vous en colère ? Ne péchez pas, que le soleil ne se couche pas sur votre ressentiment...
Autrefois vous étiez ténèbre, maintenant vous êtes lumière dans le Seigneur. Vivez en enfant de lumière. Et le fruit de la lumière s'appelle : bonté, justice, vérité.
Epître aux Ephésiens 4, 1-3 ; 4, 25-26 ; 5, 8-9
Je vais vous montrer une voie qui les dépasse toutes :
Quand je parlerais les langues des hommes et des anges,
s'il me manque l'amour,
Je ne suis qu'airain qui résonne ou cymbale qui retentit.
Quand j'aurais le don de prophétie,
la science de tous les mystères et de toute la connaissance,
quand j'aurais la foi la plus totale,
une foi à transporter les montagnes,
s'il me manque l'amour,
je ne suis rien.
Quand je distribuerais tous mes biens en aumônes,
quand je livrerais mon corps aux flammes,
s'il me manque l'amour,
cela ne me sert de rien.
L'amour prend patience,
l'amour rend service,
il ne jalouse pas, ne se vante pas, ne s'enfle pas d'orgueil,
il ne fait rien d'inconvenant, ne cherche pas son intérêt,
il ne s'irrite pas, il n'entretient pas de rancune,
il ne se réjouit pas de l'injustice,
mais il trouve sa joie dans la vérité.
Il excuse tout, croit tout, espère tout, supporte tout.
L'amour ne passe jamais.
Première Epître aux Corinthiens 13, 1-8
Qui sème chichement moissonnera chichement,
et qui sème largement moissonnera largement,
Que chacun donne selon la décision de son coeur, sans chagrin ni contrainte,
car Dieu aime celui qui donne avec joie.
Deuxième épître aux Corinthiens 9, 6-7
APERÇU BIOGRAPHIQUE
Paul (Saul pour les Juifs) est né à Tarse en Cilicie (province romaine) vers le début de notre ère. C'est un pharisien de naissance et de conviction versé dans la connaissance de la foi et des écritures juives. En raison de quoi il fut amené à persécuter la jeune église chrétienne. Brutalement interpellé et converti sur le chemin de Damas, il donna sa foi au Christ comme à celui qui était venu accomplir la religion de ses pères.
Sa vie, après sa conversion, entre dans une zone d'ombre pendant quinze ou seize ans. Après quoi, nous le retrouvons missionnaire actif et fondateur de communautés chrétiennes au cours de plusieurs grands voyages dans tout le bassin méditerranéen. Confronté aux apôtres et aux communautés judéo-chrétiennes et hellénistiques qui se développaient parallèlement, Paul apparaît alors comme voué à l'évangélisation des païens. Une tâche éprouvante : "Souvent en danger de mort, cinq fois j'ai reçu des Juifs quarante coups de fouet moins un, trois fois j'ai été battu de verges, une fois j'ai été lapidé, trois fois j'ai fait naufrage, j'ai passé un jour et une nuit dans l'abîme... j'ai été dans le travail et dans la peine, exposé à de nombreuses veilles, à la faim et à la soif, à des jeûnes multipliés, au froid et à la nudité. Et, sans parler d'autres choses, je suis assiégé chaque jour par les soucis que me donnent toutes les Églises. Qui est faible, que je ne sois faible ? Qui vient à tomber, que je ne brûle ?"
Parallèlement à ce témoignage, nous trouvons chez lui celui d'expériences mystiques fortes qui rendent compte de son extraordinaire énergie missionnaire. Sa vie s'est terminée par une période de captivité et un martyre subi à Rome vers l'an 60.
Fortement critiqué de son vivant et après sa mort, Paul est un personnage incandescent dont le génie religieux et l'énergie fondatrice ont marqué fortement le christianisme. Certains de ses textes restent des phares pour l'humanité.
L'OEUVRE
Ce sont des lettres écrites aux différentes églises qu'il a fondées ou évangélisées. On les trouve dans le Nouveau Testament dont elles occupent une grande partie. Certaines (Colossiens, Éphésiens, les Pastorales) ne lui sont plus attribuées aujourd'hui. Elles reflètent pourtant sa pensée et doivent être prises en compte dans l'examen de celle-ci.
L'oeuvre missionnaire de Paul nous est aussi connue par les Actes des Apôtres. Ses textes se trouvent dans toutes les Bibles.
PATANJALI
Le yoga est l'arrêt de l'agitation mentale.
Alors se révèle notre Centre, établi en lui-même.
Sinon, il y a identification de notre Centre avec cette agitation.
L'arrêt de l'agitation du mental s'obtient par une pratique soutenue, dans un esprit de lâcher-prise.
Le lâcher-prise est induit par un état de conscience totale, qui libère du désir face au monde environnant.
Quand cesse toute activité mentale, grâce à une pratique soutenue, s'établit le samadhi.
De naissance, certains êtres connaissent le samadhi ; ils sont libres des contraintes du corps physique, tout en étant dans ce corps.
Les autres le connaissent grâce à la foi, l'énergie, l'étude et la connaissance intuitive.
Le samadhi peut s'établir aussi grâce à l'abandon à Ishvara.
Ishvara est un être qui n'est pas affecté par la souffrance, l'action et ses conséquences.
En lui est le germe d'une conscience sans limites.
Libre des limites du temps, il est le maître spirituel, même des anciens.
Les causes de la souffrance sont l'aveuglement, le sentiment de l'ego, le désir de prendre, le refus d'accepter et l'attachement à la vie.
Les huit membres du Yoga sont :
- Yamas : les règles de vie dans la relation aux autres ;
- Niyamas: les règles de vie dans la relation avec soi-même ;
- Asana : la posture ;
- Pranayama : la respiration ;
- Pratyara : l'écoute sensorielle intérieure ;
- Dharana : le pouvoir de concentration ;
- Dhyana : la méditation ;
- Samadhi : l'état d'unité.
Les Yamas sont la non-violence, la vérité, le désintéressement, la modération, le non-désir de possessions inutiles.
Être clair dans ses pensés et ses actes, être en paix avec ce qu'on vit sans désirer plus ou autre chose, pratiquer avec ardeur, apprendre à se connaître et à agir dans le mouvement de la vie, tels sont les Niyamas.
Se contenter de ce que l'on a constitue le plus haut degré de bonheur.
La posture, c'est être fermement établi dans un espace heureux.
La cessation de la perturbation de la respiration caractérise le pranayama.
Grâce à la méditation sur l'infini et au renoncement à l'effort volontariste, on n'est plus assailli par les dilemmes et les conflits.
Extraits des Yoga sûtras
APERÇU BIOGRAPHIQUE
Nous ne savons rien de sûr au sujet de Patanjali sinon que les yogas sutras qui portent son nom sont parmi les textes les plus profonds qui aient été écrits sur le yoga et qu'ils sont d'une grande ancienneté. Il s'agit peut-être d'un auteur qui compila les données venant de plusieurs sources. Leur datation est incertaine.
L'OEUVRE
Les yogas sutras - 195 aphorismes d'une rare densité - ont été au cours des siècles traduits et commentés de nombreuses fois. Ils ont surtout inspiré et guidé des générations de yogis.
Il en existe de multiples éditions : chez A.L.T.E.S.S., Albin Michel, le Rocher, le Courrier du livre, Dervy...
Signalons aussi le riche commentaire de Vimala Thakar :
- Le yoga au delà de la méditation, commentaires sur les yogas sutras de Patanjali (A.L.T.E.S.S. - 2000).
Ce commentaire d'un certain nombre de sûtras importants, réalisé par une sage indienne, se démarque des traductions souvent un peu rapides et plonge dans la substance même du yoga.