BIENVENUE 

chez Alain Delaye

A L’ÉCOUTE DES SAGES

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EDGAR PISANI

"Il y a quelques semaines, je célébrais mon évasion d'un camp d'internement, le 60 ème.


Dans quelques semaines, je célèbrerai dans mon coeur la bataille de la libération de Paris à laquelle j'ai participé.


Ainsi, ma vie d'homme de votre âge a été marquée par les malheurs du temps. Et pourtant, j'appartiens à une génération heureuse. 


Le combat que nous avons mené pendant la guerre avait un sens qui nous conduisait à la libération du territoire, qui nous permettait de récupérer notre sol, de devenir à nouveau responsable de notre destin. Et puis, la victoire une fois acquise grâce aux alliés, est venu le temps de la reconstruction et de la construction. Et tout ce que nous faisions avait un sens. Remettre le pays en état d'occuper la place que grâce au Général de Gaulle il avait gardé, grâce à la résistance aussi. Et puis sont venues "les 30 Glorieuses" comme un courant très fort par lequel nous nous sommes laissés porter pour construire, pour développer, pour inventer, pour multiplier les enfants... et nous n'avons jamais douté et nous nous sommes jamais interrogés. Nous travaillions au gré des jours avec la certitude que les choses iraient de mieux en mieux. Le monde, lui-même, qui était arrivé à bout des dictatures était maintenant partagé entre l'Occident qui se réclamait d'une démocratie libérale et l'Union Soviétique qui prétendait régir le monde au gré d'une loi stricte et d'une économie administrée. Et l'Europe a été au début un théâtre de développement et bientôt un théâtre d'opérations dans la lutte entre l'Occident et l'Orient. Et l'idée est née de construire l'Europe. L'idée est née de faire en sorte que cet Occident européen qui avait été divisé par les guerres de religions, puis par toutes les autres guerres, les napoléoniennes et les autres; l'idée que le temps était venu qu'il soit en paix! L'Europe est née et j'ai eu le très grand bonheur de négocier la Politique Agricole Commune. Et puis, le temps est venu de la crise du pétrole en 1973; le temps est venu donc, du ralentissement de ce mouvement merveilleux qui nous avait emporté. À partir de là, le monde est devenu moins compréhensible. Il n'était plus divisé en deux bientôt; il n'était plus en mouvement comme pendant une génération; il multipliait ses découvertes techniques; il était lancé dans une concurrence éperdue; nos alliés d'hier étaient nos concurrents d'aujourd'hui. Et ainsi, le monde est devenu pour nous inintelligible, ce monde dans lequel vous êtes nés, dans lequel vous vivez maintenant. En sommes-nous responsables ?... sans doute. Sommes-nous les seuls responsables ?... peut-être pas. 


Et puis, nous voyons aujourd'hui l'Amérique qui se lance dans des aventures incompréhensibles et dangereuses; la Chine et l'Inde, l'Amérique latine qui se sentent comme des démangeaisons de puissance, qui se lancent dans un développement éperdu au risque de bouleverser leurs équilibres agricoles. Il y a entre ces 3 entités, quelque chose comme 2 milliards et demi de paysans. Dans le mouvement tel qu'il est lancé en Chine par exemple et déjà en Inde, 25 millions de paysans chinois sont allés s'installer dans les villes l'année dernière. Et d'après les prévisions des économistes chinois, il y aura 400 millions de chinois ruraux qui iront s'installer dans les villes sans que jamais personne puisse imaginer ce que l'on fera d'eux... et tout le monde s'émeut, à la fois parce que la Chine pourrait ne plus être équilibrée en termes alimentaires mais aussi parce que ceux qui, des campagnes vont dans les villes, vont devenir des ouvriers de l'industrie qui vont fabriquer des automobiles, des ordinateurs, des frigidaires, du textile, et l'équilibre économique du monde risque d'en être affecté. 


Pendant ce temps-là, l'Afrique sombre. La pauvreté devient misère et la faim tue. Le monde arabe est comme frappé d'hébétude. Pourtant, il prépare des lendemains où il sera exigeant et nous ne saurons comment le traiter. Et pendant ce temps-là, l'Europe bafouille. Oui, l'Europe bafouille. Elle s'élargit sans être sûre d'elle-même. Elle s'élargit sans savoir quel modèle elle prétendra faire adopter par l'ensemble des peuples qui la constituent. Elle s'élargit alors que sur les sujets essentiels, elle a été divisée il y a quelques semaines seulement. Et c'est dans ce monde inintelligible pour beaucoup, inintelligible pour moi en particulier, j'ose l'avouer; c'est dans ce monde que vous ambitionnez de prendre vos responsabilités.


Je voudrais maintenant essayer de vous dire quels sont, posés autrement, les problèmes que je viens de poser. 


Dans ce monde tel que décrit, l'économie est triomphante. Elle n'a d'objet que le profit; elle n'a d'objet que la conquête. Elle a comme complice la science à laquelle elle demande des miracles que la science accomplit au risque de compromettre ce qu'il y a de plus sacré pour nous, c'est-à-dire la vie, c'est-à-dire l'être humain. En face de l'économie et de sa complice la science, en face de cette dynamique extraordinaire qui ne pourra pas être remplacée, la société est sans voix et fractionnée. Chacun prend position à sa manière et de ce fait, le politique devient bientôt impuissant car il devient l'instrument de négociation d'intérêts qui divise les grandes puissances.


Quel avenir ? 


L'avenir ne viendra pas d'une révolution qui me paraît tout à fait improbable et que je ne souhaite pas. L'avenir doit venir du développement de la capacité de la société à se définir et à se définir par rapport à ce qui la limite aujourd'hui. Et singulièrement, ce qui la limite aujourd'hui, c'est peut-être la politique. En effet, au moment de la Révolution Française, au pouvoir souverain du Roi, on a substitué le pouvoir souverain de la Nation. Mais la Nation était un concept tout neuf et l'Etat Républicain a été comme l'héritier de l'Etat Royal. On a donné la parole aux citoyens à la condition qu'ils donnent un mandat souverain aux députés qu'ils élisaient et bientôt, la politique est devenue un combat électoral. Je ne dis pas, je ne pense pas, je n'ai jamais cru que la politique n'était qu'un combat électoral; je pense qu'aujourd'hui, les choses sont telles qu'en définitive, aux yeux des citoyens que vous êtes, aux yeux du vieil homme que je suis, ce qui triomphe dans la politique, c'est ce combat pour le pouvoir sans que ceux qui le réclament soient capables de dire ce qu'ils en feront. 


Et c'est là que commence votre responsabilité; votre responsabilité parce que la vôtre, parce que vous tentez de donner conscience à la génération que vous constituez, à cette fraction de la société globale que vous représentez; de lui donner conscience de ce qu'elle est une force et que cette force doit s'exprimer. Et Je reviens à ce que je disais à l'instant: Il faut que la société affirme, face à l'économie triomphante et dangereusement triomphante quoique positive à bien des égards, les exigences de la nature et des êtres humains. C'est dans la mesure où vous serez capables d'articuler des idées claires sur les problèmes de l'environnement, sur les problèmes des sociétés rurales, sur les problèmes de l'alimentation, sur le problème de la faim dans le monde, sur le problème de l'organisation des sociétés; c'est dans cette mesure et c'est dans cette mesure seulement, que vous serez utiles. 


On m'a demandé de vous apporter l'espoir et je vous annonce le combat, je vous invite au combat! Il faut que vous vous battiez à l'échelon local comme on vous le disait tout à l'heure, pour que chacun y ait sa place. Il faut que vous participiez au combat global de la société globale dans le monde global afin que la nature et que la société des hommes et des femmes soient écoutées et respectées. Lancez-vous dans le combat! Et de grâce, ne haïssez jamais l'adversaire, combattez-le! Ne méprisez jamais celui que vous assistez; aidez-le! N'oubliez jamais le village dont vous êtes, aimez-le! Ne condamnez, n'oubliez jamais la France dont vous êtes! Contribuez à sa capacité de rénovation d'elle-même! Ne vous laissez pas irriter par l'Europe parce qu'elle est impuissante; le jour viendra où elle se construira. Aimez le monde car c'est votre berceau!"


Discours d'Edgar Pisani, le 10 juillet 2004, au rassemblement national du MRJC à Vannes

Edgar Pisani est né en 1918 à Tunis. Il a été ancien Ministre de l'agriculture sous la présidence du Général de Gaulle, ancien Ministre de l'équipement sous la présidence de Georges Pompidou, délégué du gouvernement en Nouvelle-Calédonie, Ministre chargé de la Nouvelle-Calédonie sous la présidence de François Mitterrand, ancien commissaire européen, premier Président de l'Institut du Monde Arabe. 

Il est décédé en 2016.


Il est l'auteur de plusieurs ouvrages dont les plus récents sont: 

- Un vieil homme et la Terre (2004). 

- Une politique mondiale pour nourrir le monde (Springer - 2007).

- Le sens de l'État (L'aube - 2008).

- Mes mots : pistes à réflexion, (L’Aube - 2013)

- Croire pour vivre : méditations politiques, (Ed. St Léger, 2015)

PLATON

Presque tous les reproches dont on charge l'intempérance dans les plaisirs sont des reproches injustifiés, car personne n'est volontairement méchant. Ceux qui sont méchants le deviennent par suite d'une mauvaise disposition du corps et d'une éducation manquée, lorsqu'on n'a pas dès le jeune âge reçu de leçons qui puissent guérir le mal. Ces deux choses fâcheuses pour tout le monde nous arrivent contre notre volonté... En outre, ces vices du tempérament sont renforcés par de mauvaises institutions et par des discours qu'on entend dans les villes, soit en particulier, soit en public. C'est ainsi que tous ceux d'entre nous qui sont méchants le deviennent par deux causes tout à fait indépendantes de leur volonté, et il faudrait en accuser les pères plutôt que les enfants, les instituteurs plutôt que les élèves. Il faut donc par l'éducation, les moeurs et l'étude, s'appliquer de toutes ses forces à éviter le vice et cultiver la vertu.


Contre les déséquilibres qui affectent la relation du corps et de l'âme, il n'y a qu'un moyen de salut : ne pas exercer l'âme sans le corps, ni le corps sans l'âme, afin que, se protégeant l'un de l'autre, ils s'équilibrent et conservent la santé. Il faut donc que celui qui veut s'instruire ou qui s'applique fortement à n'importe quel travail intellectuel donne en retour de l'exercice à son corps par la pratique de la gymnastique et que, de son côté, celui qui fait travailler son corps donne en compensation de l'exercice à son âme en étudiant la musique et la philosophie.


Lorsque les maladies ne présentent pas de grands dangers, il ne faut pas les irriter par des médecines. La nature des maladies ressemble en quelque sorte à celle des êtres vivants. La constitution des êtres vivants comporte en effet des temps de vie réglés pour toute l'espèce, et chaque individu naît avec un temps de vie fixé par le destin - à part des accidents inévitables - car, dès la naissance de chacun, ses structures sont constituées de manière à pouvoir tenir un certain temps, au-delà duquel personne ne peut prolonger sa vie. Il en est de même de la constitution des maladies : si on la dérange par des drogues en dépit du temps prévu, il en résulte d'ordinaire que de légères maladies deviennent graves et que leur nombre s'accroît. C'est pourquoi il faut diriger toutes les maladies par un régime, autant qu'on le peut, et ne pas irriter par des médecines un mal réfractaire.


De l'âme la plus noble qui est en nous, voici l'idée qu'il faut nous faire : c'est que Dieu nous l'a donnée comme un génie (daimon)... car nous sommes une plante du ciel, non de la terre, cela nous pouvons l'affirmer en toute vérité.


Lorsqu'un homme s'est donné tout entier à l'amour de la science et à la vraie sagesse et que, parmi ses facultés, il a surtout exercé celle de penser à des choses immortelles et divines, s'il parvient à atteindre la vérité, il est certain qu'il ne lui manque rien pour parvenir à l'immortalité ; et comme il soigne toujours la partie divine et maintient en bon état le génie qui habite en lui, il doit être supérieurement heureux. Il n'y a d'ailleurs qu'une seule manière de soigner quelque chose, c'est de lui donner la nourriture et les mouvements qui lui sont propres ; or les mouvements parents de la partie divine qui est en nous, ce sont les pensées de l'univers...


Le Timée (Flammarion).

APERÇU BIOGRAPHIQUE


Platon est né en Grèce vers 428 avant J.C. d'une famille aristocratique. Disciple de Socrate dans sa jeunesse, il se retira après sa mort à Mégare d'où il entama une série de voyages qui le menèrent en Égypte, en Cyrénaïque, en Italie du sud et finalement en Sicile. En Italie, il prit contact avec les pythagoriciens qu'il estimait beaucoup et fit la connaissance de Dion, parent du tyran sicilien Denys l'Ancien. Cette amitié fut à l'origine de trois voyages successifs en Sicile, grâce auxquels Platon espérait mettre en applications ses idées politiques. Ce projet échoua chaque fois. Revenu à Athènes en 387, il y fonda l'Académie : une école destinée à la formation des hommes d'État. Cette entreprise connut le plus vif succès et se perpétua pendant un millénaire, jusqu'à sa fermeture en 529 par l'empereur Justinien. Platon mourut vers 347 alors qu'il écrivait les Lois : le dernier et le plus long de ses dialogues.

Platon n'est pas le premier grand philosophe grec, mais le premier dont l'oeuvre nous soit parvenue dans son intégrité. Il est aussi celui qui a eu la plus grande influence sur notre culture ; non seulement par le biais des philosophes platoniciens et néoplatoniciens mais par celui des Pères grecs et de St Augustin qui l'ont adopté et s'en sont servi pour penser la théologie chrétienne.


OEUVRES 


L'oeuvre de Platon consiste en une série de dialogues, groupés en neuf tétralogies. On les classe aussi par périodes successives :

- Un premier groupe est formé par les dialogues socratiques, centrés sur la personne et les entretiens de Socrate. Ils s'occupent principalement de questions d'éducation et de morale.

- Un deuxième groupe comprend les dialogues les plus célèbres et les plus brillants. Ceux-ci exposent la pensée même de Platon sur les Idées, les Valeurs, l'Âme, l'Amour.

- Un troisième groupe défend ou approfondit les doctrines précédentes et propose une cosmologie et une politique plus élaborée.


Les éditions de Platon sont très nombreuses. 

Signalons pour sa qualité celle de la collection de la Pléiade :

- Oeuvres complètes, en deux tomes (Gallimard).

Et pour sa forme fragmentée et son prix plus accessible : les divers traités parus chez Flammarion.

POONJA

Comment fonctionne la relation entre le Maître et le disciple ? Le maître est celui qui vous montre que vous êtes la lumière même et que l'obscurité n'a jamais existé. Il supprime l'idée erronée de l'existence d'un état de non-éveil dont on devrait venir à bout.

Voilà le rôle du véritable enseignant : effacer le doute qui vous fait croire que vous n'êtes pas Brahman et, ce faisant, vous permettre de voir qui vous êtes véritablement. Pendant ces derniers mois, j'ai lu à haute voix des livres de certains grands enseignants du passé qui répètent maintes et maintes fois : "Vous êtes Cela. Vous êtes Brahman." Cela seul est la vérité.

Il ne suffit pas de s'asseoir près de l'enseignant. vous devez l'écouter de telle sorte que ses mots entrent dans votre Coeur et deviennent votre propre réalité. Cela s'appelle : "Être présent avec le Coeur".

Comment reconnaît-on un vrai Maître ? 

Si votre mental s'apaise auprès de quelqu'un, cela peut être considéré comme une indication - pas une preuve - que cette personne à la capacité d'être un enseignant spirituel. Il n'existe aucun autre signe fiable.

Par ailleurs, ce n'est pas en parcourant la planète à la recherche d'un Maître que vous en trouverez un, mais en ayant un intense désir de liberté. Si ce désir est présent, alors c'est le Maître qui vous trouvera. 

Les objets qui émergent du Soi sont tous comme ils doivent être. Le samsâra que nous voyons autour de nous est, dans sa totalité, une manifestation du Soi. Tout ce qui se voit, se sent, ou se goûte est magnifique. Il n'y a pas d'erreurs dans le Soi. tout est comme cela doit être, un déploiement merveilleux de la perfection même... Tout se déroule comme cela doit se dérouler.

Ce que je dis, c'est : "Restez tranquille"... Si vous laissez le mental pendant une seconde, juste une seconde, la sainteté se révélera elle-même et vous fusionnerez avec elle. 

>Ne faites pas d'efforts, n'observez aucune pratique et gardez le silence juste pendant une seconde. C'est tout ce que vous avez à faire... Durant cette seule seconde écartez tout ce qui appartient au passé et ne pensez pas au futur... Dans ce moment de silence, celui qui voulait goûter la vérité disparaît. A cet instant, il devient ce qui est goûté. 

Si vous voulez la liberté, vous devez la vouloir à l'exclusion de tout le reste. Vous ne pouvez pas garder en attente vos autres désirs tandis que vous essayez de l'atteindre... Lorsque le désir de liberté est suffisamment ardent, rien ne vous empêchera de pénétrer dans le Coeur et de revendiquer votre royaume.

Je dis aux gens de répéter la phrase : "Je suis libre" parce que tout le monde dit : "Je souffre". Et comme c'est ce qu'ils répètent, ils y croient et en souffrent... Ce que vous pensez, vous le devenez. C'est pourquoi je dis : "Essayez le contraire. Dites-vous : Je suis heureux, je suis libre." 

Beaucoup de personnes ont un aperçu de la vérité grâce à une expérience directe.  Je leur dis : "Vous avez eu un aperçu. N'essayez pas de vous y accrocher, de le conserver. C'est venu. Maintenant, laissez-le s'en aller. Laissez-le partir. Cela ne vous appartient pas. Un aperçu est un aperçu."

Le Maharshi enseignait en regardant les gens. Par son regard, il transmettait la paix et la liberté. Dans les Upanishad, il est écrit que le Maître peut transmettre son enseignement à un disciple de trois manières : par la vue, le toucher, et la parole. Le Maharshi préférait utiliser la vue.

Les mots des grands saints du passé ont subsisté, car il y avait en eux pouvoir et pureté. Leurs mots ne s'effaceront jamais, car ils ont un pouvoir inhérent qui les garde vivants dans les coeurs et les esprits des générations qui leur succèdent.

L'état naturel spontané est toujours présent. Seule l'arrogance empêche d'en être conscient... L'homme qui en est conscient sait que tout se déroule naturellement de soi-même. Il ne revendique rien comme lui appartenant, pas même ses pensées... Si vous restez simplement tranquille et laissez les choses venir d'elles-mêmes, vous découvrirez que c'est cela qui est toujours présent. Vous n'en êtes jamais éloigné ni séparé... Laissez la Puissance suprême prendre en charge toutes vos actions et ayez conscience que c'est elle seule qui les accomplit.

N'ayez pas de pensée de gain ni de perte ; n'ayez pas de pensée de possession ; n'ayez pas de notion de temps. Lorsque toutes ces pensées ont disparu, vous êtes dans l'état naturel, spontané.

Le mental d'un homme affaire est encombré de pensées. Toutefois, il peut lui arriver de faire l'expérience d'un petit espace entre la fin d'une pensée et le début de la suivante. Lorsque cet aperçu survient, il l'attire et lui montre le bonheur... Pas de pensées plus pas de désirs égalent le bonheur. 

Ce qui meurt n'est pas éternel. Toute forme qui naît doit mourir, mais l'essence sous-jacente n'a pas de forme et elle ne meurt jamais. Lorsque vous vous attachez à une forme, vous commettez une grosse erreur. Même s'attacher à la forme du Maître est une erreur. Ce n'est pas la forme de la personne qui peut vous apporter la lumière, c'est quelque chose d'autre qui se trouve au fond de votre propre coeur. C'est cela votre Maître. Ce Maître demeure dans le coeur de tous les êtres, non seulement des êtres humains, mais aussi des animaux, des oiseaux, des arbres et des plantes. Quand vous verrez votre propre nature, directement, vous verrez que chaque plante, chaque animal est votre propre Soi. Ils se mettront tous à vous parler. Voilà le Soi sans forme dans le Coeur de tous les êtres.


Extraits de Il ne s'est jamais rien passé, Ed. Accarias l’Originel, 2004

APERCU BIOGRAPHIQUE


Poonja est un maître vedantin contemporain indien d'une grande simplicité et rigueur de pensée. Il fut le disciple de Ramana Maharshi et eut une grande audience en Inde où il mourut le 6 septembre 1997.


L'OEUVRE


Le réveil de lion (Les éditions du Relié - 1993).

A la source de l'être (Ed. InnerQuest - 2001)

Journal (Ed. Accarias-L'Originel - 2003)

Il ne s'est jamais rien passé (Ed. Accarias-L'Originel - 2003)

PRAJNÂNPÂD

Dire oui à ce qui est, Alain Delaye

Le sentiment qui naît dans le coeur se répand. Personne n'est séparé. Un jeu d'énergie, un courant d'énergie passe en chacun. C'est pourquoi, après être apparu à un endroit, un sentiment se transporte plus loin.

Quelque chose qui a été donné par quelqu'un, il y a longtemps, donne des fruits maintenant. Le oui ou le non de quelqu'un, un comportement aussi bien qu'un non-comportement, l'amour de l'un, la haine de l'autre, vont se répandant, très loin, dans des endroits très éloignés et concernent tellement de gens... comme s'ils remplissaient l'atmosphère. Comme on est étroitement relié aux autres ! Tout le monde est un en vérité.

Recevoir et donner se répandent à l'infini et appartiennent à chacun, appartiennent à tous ceux qui sont suffisamment sensibles pour en ressentir la présence. 

Le premier qui a donné, a, bien sûr, fait naître un courant. De même, l'esprit de non-donner, fait naître un courant de "non". D'une certaine manière, on peut tenir le monde entier dans sa main et atteindre le coeur humain le plus éloigné en donnant. L'acte de donner, certainement, commence à un certain point, mais c'est seulement un commencement. Il va en croissant et en se répandant, parmi tellement de gens, pendant tellement d'années à une distance tellement éloignée. 

Un seul acte de donner donne naissance à tant d'actes de donner. Il se multiplie parce qu'il est fertile. Mais le non-don est tout aussi fertile que le don. Sans qu'on le sache, ces actions et ces émotions atteignent tellement de personnes, en tellement d'endroits. Elles cessent d'être à soi quand elles vont si loin. Alors elles appartiennent à ceux qui les reçoivent. Elles deviennent leur, elles sont reçues et données tout à tour. Alors ce qui est reçu appartient à tous : à tous ceux qui sont capables de le recevoir. Comme nous sommes merveilleusement liés les uns aux autres ! 


Ashram de Ranchi, le 23 septembre 1970

Bénédictions,

Acceptez, o Ma, acceptez ! 

Que veut dire accepter ? Adopter, prendre possession, faire disparaître tout caractère étranger. En d'autres termes, dire "oui " et pas "non". 

Comment ? Voyez : quelque chose arrive, quelqu'un dit ou fait quelque chose. Alors vous, que faites-vous ? Mais avant de faire, que devez-vous voir ? Que quelque chose est "arrivé": quelqu'un a parlé, a fait quelque chose. Voyez seulement cela : quelque chose est arrivé.

Quand un événement s'est déjà produit, rien d'autre n'est possible. Vous devez voir que ceci est arrivé et que c'est ceci même qui est arrivé. Le voir ainsi, le sentir ainsi et dire "oui, c'est ainsi", c'est cela prendre possession.

Acceptez ! Car il n'y a rien d'autre. Il ne reste aucune altérité. 

Prenez les choses sous un autre angle : "Je n'aime pas que les choses soient ainsi". Très bien, alors abandonnez-les, débarrassez-vous en. Si vous ne pouvez pas le faire, quel est le remède ? Prenez-en possession ! Il n'y a pas d'autre alternative. Si vous ne pouvez pas les abandonner, prenez et acceptez. "Oui, c'est ainsi". Appliquez cela, tout le temps, à toutes les situations. Ainsi vous aurez le coeur et l'esprit en paix.

A la racine de toutes les difficultés, il y a "non". Dire "non" et, en même temps, vivre avec l'objet de son refus, n'est-ce pas contradictoire Ma ?

Acceptez et si, après avoir accepté, il y a quelque chose à faire, faites au mieux dans la mesure de votre compréhension et de vos forces et alors acceptez de nouveau : "C'est tout ce que je pouvais faire et je l'ai fait. Que ce qui doit arriver, arrive. Je n'ai plus rien en mon pouvoir. En faire plus m'est impossible."

Détendez-vous, soyez sans souci.

Pourquoi seriez-vous troublée ?

Vivez en paix.

Acceptez.

Ne laissez pas le "non" entrer dans votre vie.

Soyez et acceptez. Aucun refus !


Lettres à ses disciples, t.2, Ed. Accarias L’originel 1989

APERÇU BIOGRAPHIQUE


Yogeshvar Chatterjee, qui deviendra Svâmi Prajnânpad, naît en 1891 dans une petite bourgade au nord de Calcutta, sa famille qui est brahmane l'élève dans la tradition la plus orthodoxe. Vers 1902, alors qu'il a à peine onze ans, il perd ses parents et son frère aîné, emportés par une épidémie de peste. Encore écolier, il se retrouve ainsi à la tête d'une famille de quatre personnes dont deux jeunes veuves et la femme de son frère Sejda qui fait des études à Calcutta. Pour permettre à celui-ci de poursuivre sa formation, Yogeshvar assume alors avec beaucoup de générosité une vie très pauvre.

En décembre 1902, à douze ans, il obtient son certificat d'études et va au lycée d'où il sort bachelier en 1910. Ses goûts le portent vers la littérature - il écrit même des poèmes - mais son frère lui fait faire des études scientifiques, si bien qu'après une prépa en sciences, il entre en 1912 à l'école d'ingénieurs de Sibpur, près de Calcutta. Là, il tombe malade, en partie à cause de son dégoût pour le métier que son frère veut lui voir faire. Celui-ci accepte alors qu'il combine dans ses études les sciences et les lettres et prépare une licence de littérature. Ces études le mènent à l'enseignement, ce dont il avait toujours rêvé. A leur terme, en 1919, il devient maître-assistant de physique à Bhagalpur, puis en 1920, à Patna.

Le mariage est célébré en 1919, alors que Yogeshvar, âgé de vingt-huit ans vient de rejoindre son nouveau poste de maître-assistant en physique. Sa femme, Anasûya Devi, n'a que douze ans et le mariage n'est pas consommé. 

PROVERBES

La Sagesse crie par les rues, sur les places publiques elle élève la voix ; à l'angle des carrefours elle appelle... Mon fils, n'oublie pas mon enseignement et que ton coeur garde mes préceptes... Que bienveillance et fidélité ne te quittent pas ! Fixe-les à ton cou, inscris-les sur la tablette de ton coeur.

Heureux l'homme qui a trouvé la sagesse, l'homme qui acquiert l'intelligence ! Car mieux vaut la gagner que l'argent et l'or. Elle est précieuse plus que les perles, aucun des objets que tu désires ne l'égale. Dans sa droite : longueur des jours ! dans sa gauche : richesse et honneur ! Ses chemins sont chemins de délices, tous ses sentiers mènent au bonheur. C'est un arbre de vie pour qui la saisit, celui qui la tient devient heureux.

Yahvé, par la Sagesse, a fondé la terre ; il a établi les cieux par l'intelligence. C'est par sa science que furent creusés les abîmes, que les nues distillent la rosée.


Mon fils, observe le conseil et la prudence sans les quitter des yeux ; ils seront la vie de ton âme et une parure pour ton cou. Tu iras ton chemin en sécurité, ton pied ne bronchera pas. Si tu t'assieds, tu seras sans frayeur ; si tu te couches, ton sommeil sera doux.

Ne refuse pas un bienfait à qui le sollicite, quand il est en ton pouvoir de le faire. Ne dis pas à ton prochain : "Vas-t'en ! repasse ! demain je te donnerai !" quand la chose est en ton pouvoir. Ne machine pas le mal contre ton prochain, alors qu'il demeure en confiance avec toi. Ne conteste pas sans motif avec un homme, s'il ne t'a fait aucun mal. N'envie pas l'homme violent, n'imite jamais sa conduite, car les pervers sont l'abomination de Yahvé, lui qui fait des hommes droits ses familiers... Des moqueurs il se moque, aux humbles il donne sa faveur.

Plus que sur toute chose, veille sur ton coeur, c'est de lui que jaillissent les sources de la vie... Que tes yeux regardent en face, que tes regards se dirigent droit devant toi. Nivelle le chemin de tes pas, et que toutes tes voies soient fermes.

Bois l'eau de ta propre citerne, l'eau jaillissante de ton puits ! Que tes fontaines ne s'écoulent point au dehors, ni tes ruisseaux sur les places publiques ! Qu'ils restent pour toi, non pour des inconnus ! Bénie soit ta source !


Qui va franchement va sûrement, qui use de détours est vite démasqué.

Qui regarde en dessous donne du tourment, 

qui réprimande en face l'apaisement.


La haine allume des litiges, l'amour couvre toutes les fautes.


Abondance de paroles ne va pas sans faute ; 

qui retient ses lèvres est prudent.


Vienne l'insolence, la honte viendra ; chez les humbles se trouve la sagesse.


Qui méprise son prochain est insensé ; l'homme avisé se tait.


L'homme généreux fait du bien à lui-même,

mais un homme cruel afflige sa propre chair.


L'âme bienfaisante prospérera, et qui arrose sera arrosé.


Qui se fie en la richesse s'y abîmera,

les justes verdoieront comme le feuillage.


La Sagesse construit sa maison de ses mains. La Folie renverse la sienne.


Vie du corps un coeur paisible ; mais l'envie est carie des os.


L'homme emporté engage la querelle, l'homme patient apaise la dispute.


Le coeur de l'homme cherche sa voie, mais c'est Yahvé qui affermit ses pas.


Qui couvre une faute cultive l'amitié, qui répète la chose divise les intimes.


C'est ouvrir une digue qu'entamer un procès ; 

avant qu'il ne s'engage, désiste-toi.


L'homme sensé scrute la sagesse,

mais les regards du sot se portent au bout du monde.


Une tour forte : le nom de Yahvé ! Le juste s'y confie et devient imprenable.

Avant la ruine, le coeur humain s'élève, l'humilité précède la gloire.


La maladie, l'esprit peut l'endurer ; mais l'esprit abattu, qui le relèvera ?


L'habilité pour un homme c'est d'être patient, 

sa fierté, de passer sur une offense.


Une femme acariâtre est comme une gargouille, qui ne cesse de couler.


Qui fait la charité au pauvre prête à Dieu, lequel paiera le bienfait de retour.


Le charme d'un homme c'est sa bonté, 

et on l'aime mieux pauvre que menteur.


Doux est à l'homme le pain de la fraude,

mais ensuite la bouche est remplie de gravier.


Qui maudit son père et sa mère, sa lampe s'éteindra au coeur des ténèbres.


Ne dis pas : "Je rendrai le mal !" Fie-toi à Dieu qui te sauvera.


C'est Yahvé qui dirige les pas de l'homme : 

comment celui-ci comprendrait-il son chemin ?


La lampe de Yahvé, c'est l'esprit de l'homme

qui pénètre jusqu'au tréfonds de son être.


La parure des jeunes gens, c'est leur vigueur,

celle des vieillards : leur tête blanchie.


Les blessures : un remède contre le mal,

les coups guérissent jusqu'au fond de l'être.


Qui sème l'injustice moissonne le malheur

et le bâton de sa colère le frappe lui-même

.

Il met un baiser sur les lèvres, celui qui répond avec justesse.


Par la patience un juge se laisse fléchir, la langue douce broie les os.


As-tu trouvé du miel ? manges-en à ta faim ; 

mais ne t'en gorge pas, tu le vomirais.


En la maison du prochain, fais-toi rare,

de crainte que, lassé, il ne te prenne en grippe.


C'est mettre du vinaigre sur une plaie,

que chantonner des airs pour un coeur affligé.


Ville ouverte, sans remparts : tel est l'homme qui ne se maîtrise pas.

Mieux vaut un ami proche qu'un frère éloigné.


Le fer s'aiguise par le fer, et l'homme au contact de son prochain.


Jamais les visages ne sont semblables, ainsi diffèrent les coeurs des hommes.


Connais l'état de ton menu bétail, à ton troupeau donne tes soins ; 

car la richesse n'est pas éternelle, un trésor ne se transmet pas d'âge en âge.


La sangsue a deux filles : "Apporte ! Apporte !"


Une femme parfaite, qui la trouvera ? Elle a bien plus de prix que les perles.

La grâce est trompeuse, vaine la beauté ! c'est la femme sage qu'il faut louer !


Bible de Jérusalem

L'OEUVRE


Le livre des Proverbes est le produit de générations de sages, juifs comme étrangers, et présente dans la Bible plusieurs collections de leurs écrits. Sa composition remonte à l'époque royale, mais il a été remanié après l'Exil (588). Toutefois, par un artifice littéraire, il est comme le livre de la Sagesse attribué au roi Salomon. Les passages que nous en donnons sont extraits de son introduction qui est une longue exhortation pleine de tendresse parentale. Nous y avons adjoint quelques proverbes tirés des collections qui suivent.