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chez Alain Delaye

A L’ÉCOUTE DES SAGES

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THÉRÈSE D’AVILA

Il y a un profond aveuglement à vouloir être aimé des autres. Remarquez, en effet, que si nous désirons l'affection du prochain, nous y recherchons toujours quelque intérêt ou une satisfaction personnelle... Et lorsque vous venez à recevoir cette paye, reconnaissez qu'elle n'est qu'une paille légère ; tout cela n'est que de l'air ; ce sont des atomes que le vent emporte. Lorsqu'on nous a beaucoup aimés, que nous en reste-t-il ?


Une âme mécontente ressemble à quelqu'un qui est dégoûté de toute nourriture, si bonne soit-elle, et a en horreur les mets que ceux qui se portent bien prennent avec beaucoup d'appétit... Toutes les personnes qui veulent tendre à la perfection, doivent fuir de mille lieues des paroles du genre : "J'avais raison ; on m'a fait tort ; celle qui m'a fait cela n'avait pas raison." Dieu nous préserve des mauvaises raisons.


La modération est très nécessaire en tout.


O Maître absolu du monde, vous qui êtes le suprême pouvoir, la souveraine bonté, la sagesse même, vous qui êtes sans commencement ni fin, vous dont les oeuvres n'ont point de terme, les perfections point de limites, et qui excédez toute intelligence ! ô vous, abîme sans fond de merveilles, beauté renfermant toutes les beautés ! ô vous, la force même ! grand Dieu ! que n'ai-je en ce moment toute l'éloquence et la sagesse des hommes ! je pourrais, autant qu'il est possible ici-bas, où notre science est bien courte, faire comprendre une seule de ces perfections dont la vue nous révèle un peu la nature de Celui qui est notre Seigneur et notre Bien ! 


Dieu ne force pas notre volonté ; il prend ce que nous lui donnons. Mais il ne se donne pas complètement, tant que nous ne nous sommes pas, nous aussi, donnés à lui complètement. Voilà un fait certain.


Considérez ce que dit saint Augustin. Après avoir cherché Dieu en beaucoup d'endroits, il le trouva au-dedans de lui-même... Donc, inutile de pousser des cris pour lui parler, car il est tellement près que, si bas qu'on lui parle, il entend... Traitez avec lui comme avec un père, un frère, un maître, un époux. Considérez-le tantôt sous un rapport, tantôt sous un autre. Il vous enseignera lui-même ce que vous devez faire.

Cette manière de prier, bien que vocale, aide l'esprit à se recueillir beaucoup plus rapidement que toute autre, et produit les biens les plus précieux. On l'appelle oraison de recueillement, parce que l'âme y recueille toutes ses facultés et rentre au-dedans d'elle-même avec son Dieu. Là, son maître divin réussit plus tôt que par tout autre moyen à l'instruire et à lui donner l'oraison de quiétude.

Lorsque le recueillement est véritable, on le voit très clairement à un certain effet qu'il produit. Je ne sais comment vous le donner à entendre ; mais quiconque l'aura éprouvé me comprendra. On dirait que l'âme, comprenant enfin que les choses de ce monde ne sont qu'un jeu, se lève au meilleur moment, et s'en va. Elle ressemble encore à un homme qui se réfugie dans une place forte pour n'avoir plus à redouter les attaques de l'ennemi.

L'oraison de quiétude est une chose surnaturelle, au-dessus de tous nos efforts, quels qu'ils soient. L'âme entre alors dans la paix, ou, pour mieux dire, le Seigneur l'y met par sa présence. Toutes ses facultés sont en repos, et, sans le moindre secours des sens, elle sent qu'elle est tout près de son Dieu, et que, pour peu qu'elle s'en approchât davantage, elle deviendrait par l'union une même chose avec lui ; mais elle ne le voit ni des yeux du corps, ni des yeux de l'âme... 

Elle voit seulement qu'elle est dans le royaume, ou du moins près du roi qui doit le lui donner, et elle se sent pénétrée d'un tel respect qu'elle n'ose rien lui demander. C'est comme un engourdissement des facultés intérieures et extérieures... Le corps éprouve une délectation profonde, et l'âme un bonheur égal. Celle-ci est si heureuse de se voir près de la fontaine, qu'avant même de s'y désaltérer, elle est déjà rassasiée. Elle pense qu'elle n'a plus rien à désirer... L'entendement ne voudrait plus comprendre qu'une chose, la mémoire n'en renfermer plus qu'une seule ; tous deux voient que celle-là seule est nécessaire, et que toute le reste ne saurait que les troubler.

Ceux qui sont dans cet état se trouvent dans le palais du roi et voient qu'il commence à leur faire don, dès ici-bas, de son royaume... Rien ne les peine, et rien non plus, me semble-t-il, ne peut les peiner... 

Comme il ne dépend pas de nous que le jour se lève, ni ne pouvons empêcher la nuit d'arriver, de même cette faveur n'est-elle pas en notre pouvoir... Il est bon alors de rechercher une plus grande solitude pour donner plus de liberté d'action au Seigneur et laisser sa Majesté travailler notre âme à sa guise. Il faut tout au plus prononcer de temps en temps une parole douce comme le souffle qui ranime la bougie éteinte, mais qui, je crois, suffirait à l'éteindre si elle brûlait encore. 

L'âme est alors comme l'enfant à la mamelle qui, reposant sur le sein de sa mère, reçoit, sans avoir besoin de téter, le lait que celle-ci lui fait couler dans la bouche pour le régaler... Elle doit s'oublier alors elle-même ; car celui qui est près d'elle ne manquera pas de pourvoir à ce qui lui convient... Elle ne doit pas se préoccuper si l'entendement, ou, pour être plus claire, si notre pensée se porte aux rêveries les plus insensées. Qu'elle se contente d'en rire, et le regarde comme un fou. Qu'elle reste dans sa quiétude, tandis que l'entendement va et vient. La volonté est ici souveraine et toute-puissante. Elle le ramènera, sans courir après lui. Si elle voulait le ramener par la violence, elle perdrait l'ascendant qu'elle a sur lui et qu'elle puise dans l'aliment divin dont elle se nourrit.

La différence qu'il y a entre cette oraison de quiétude et celle où l'âme est complètement unie à Dieu, c'est que dans celle-ci elle n'a même pas besoin d'avaler la nourriture. Elle la trouve au-dedans d'elle-même, sans comprendre comment le Seigneur l'y a mise. Dans l'oraison de quiétude, au contraire, le Seigneur semble lui laisser un peu de travail à faire par elle-même, bien que ce travail soit accompagné de tant de paix qu'elle ne le sent pour ainsi dire point.


Extraits du Chemin de la perfection (Éd. du Seuil)


Que rien ne te trouble,

Que rien ne t'épouvante.

Tout passe,

Dieu ne change pas.

La patience

obtient tout.

Celui qui a Dieu,

Rien ne lui manque.

Dieu seul suffit

APERÇU BIOGRAPHIQUE


Thérèse de Ahumada naquit en 1515, dans une famille de petite noblesse, près d'Avila, et passa une grande partie de sa vie dans cette ville de Castille dont elle reçut le nom. Habitée très tôt par le désir de voir Dieu, elle devint religieuse au Carmel de l'Incarnation d'Avila où elle mena pendant longtemps la vie ordinaire, c'est-à-dire peu austère, des moniales de ce couvent.

Convertie en 1554 à plus d'exigence dans sa recherche, elle fut amenée à fonder en 1562 le petit couvent de Saint-Joseph d'Avila pour qu'y soit gardée la règle primitive du Carmel. Seize autres fondations virent le jour dans les quinze années qui suivirent. 

En 1567, désirant que ses moniales soient assistées spirituellement par des religieux de la même règle, elle obtint la permission de fonder deux couvents de carmes déchaux. Jean de la Croix l'aida dans cette réforme parallèle qui, après des débuts difficiles, prit une grand extension. Elle provoqua même la séparation d'avec l'ancien tronc du Carmel, des deux branches féminine et masculine du Carmel réformé.

Épuisée par une vie hyperactive et les soucis de ses fondations, Thérèse s'éteignit en 1582, à Albe de Tormès, à l'âge de 67 ans.


L'OEUVRE


Outre ses fondations, Thérèse a laissé une oeuvre écrite qui, bien que circonstancielle, lui donne une place de choix dans la littérature mystique et même la littérature universelle. Citons en particulier : le livre de ma vie, Le chemin de la perfection, le livre des Demeures (ou Château intérieur) et le livre des Fondations. Mais il faut mentionner aussi ses poésies et une abondante correspondance.

- Oeuvres complètes (Seuil - 1949).

- Oeuvres complètes (DDB - 1995).

- Correspondance (DDB - 1995).

- Le livre de ma vie (le Cerf - 2002).

- Le chemin de la perfection (Seuil - 1996).

- Le Château intérieur (Rivages - 1998).

- Le Château intérieur (le Cerf - 2003).

- Marcelle Auclair, La vie de sainte Thérèse d'Avila (Seuil - 1998).

- Julia Kristeva, Thérèse mon amour (Fayard 2008)

THICH NHÂT HANH

La vie spirituelle est la vie. Je ne vois aucune raison de passer toute sa vie à ne goûter qu'un seul fruit. Nous autres, êtres humains, pouvons nous nourrir des meilleures valeurs de nombreuses traditions. Si nous pratiquons le regard profond et l'écoute profonde, nous deviendrons libres et pourrons voir la beauté et les valeurs de notre tradition et des autres traditions. Nous devons nous laisser transformer par ce qui est bon, beau et positif dans la tradition de l'autre... Je voudrais partager avec vous mon expérience et ma compréhension de deux belles fleurs du monde, le bouddhisme et le christianisme.


Dans le bouddhisme, la foi signifie la confiance que nous avons en notre pouvoir et celui des autres de nous éveiller à notre plus profonde capacité d'aimer et de comprendre. Quand nous sommes calmes, quand nous regardons profondément en touchant la source de notre vraie sagesse, nous touchons le Bouddha vivant et le Christ vivant en nous-mêmes et en chaque personne que nous rencontrons.


Le coeur de la méditation bouddhiste est la Pleine Conscience : l'énergie qui nous aide à savoir ce qui se passe dans le moment présent. Quand l'énergie de la Pleine conscience est présente, la transformation a lieu. Quand l'énergie de l'Esprit est en vous, la compréhension, l'amour, la paix et la stabilité sont possibles. Dieu est là. Vous êtes, bien que vous ne soyez pas, mais Dieu est en vous. C'est cela l'inter-être, le non-soi. J'aime beaucoup l'expression "demeurer en Dieu".


Le terme bouddhiste vipasyana signifie compréhension, regard profond. "Regarder profondément" veut dire observer quelqu'un ou quelque chose avec une concentration telle que la distinction entre celui qui observe et celui qui est observé disparaît. Le résultat c'est la compréhension de la vraie nature de l'objet. Quand nous contemplons le coeur d'une fleur, nous pouvons y voir les nuages, le soleil, les minéraux, le temps, la terre et tout le cosmos. Sans les nuages, il ne pourrait y avoir de pluie et la fleur ne pourrait pas exister. Sans le temps, la fleur ne pourrait pas éclore. En réalité, la fleur est entièrement faite d'éléments non-fleur ; elle n'a pas d'existence indépendante, individuelle. Elle "inter-est" avec tout ce qui est dans l'univers.


Inter-être est un nouveau terme qui devrait à mon sens bientôt figurer dans les dictionnaires tant ce mot est important. Quand nous voyons la nature de l'inter-être, les barrières entre nous et les autres disparaissent, et la paix, l'amour et la compréhension sont possibles. Chaque fois qu'il y a de la compréhension, la compassion est possible.


La meilleure façon de pratiquer, c'est avec une Sangha, un groupe : l'énergie collective de la pleine conscience approfondit alors la pratique. La présence du groupe nous protège et nous donne de la force. 


Quand nous pratiquons la respiration consciente, attentifs à chaque pensée et à chaque acte, nous renaissons, pleinement vivants, dans le moment présent. Le puits est en nous. Si nous creusons en profondeur dans le moment présent, l'eau en jaillira.


Dans le bouddhisme, on parle "d'entrer dans le courant". Tout ce à quoi l'on est confronté une fois entré dans le courant devient objet de méditation : un nuage qui flotte dans le ciel, un cadavre et même sa propre peur. Le fait qu'on soit profondément concentré aide à toucher et à pénétrer les objets de notre méditation pour en révéler la vraie nature. L'éveil est la prise de conscience de la vraie nature de la réalité.


Bouddha vivant, Christ vivant (J.C.Lattès -1996)

APERÇU BIOGRAPHIQUE


Thich Nhat Hanh est un moine zen vietnamien qui vit en France et a fondé, dans le sud-ouest, une communauté de vie placée sous le signe de l'inter-être.

Voici comment il parle de lui-même : "Je suis devenu moine à l'âge de seize ans dans la tradition zen, mais nous pratiquions aussi le bouddhisme de la Terre pure dans notre temple... J'ai travaillé activement pour la paix pendant plus de trente ans, en combattant la pauvreté, l'ignorance et la maladie, en allant en mer pour sauver les boat people, en évacuant les blessés des zones de combat, en aidant les réfugiés à s'installer dans leur nouveau pays, en aidant les enfants et les orphelins qui ont faim, en m'opposant aux guerres, en écrivant et diffusant des livres pour la paix, en formant des travailleurs sociaux et en reconstruisant des villages détruits par les bombes. C'est grâce à la pratique de la méditation - s'arrêter, se calmer et regarder profondément - que j'ai pu nourrir et protéger les sources de mon énergie spirituelle et poursuivre ce travail.


Dans son livre, dont nous présentons ici des extraits : Bouddha vivant, Christ vivant, il montre comment il vit au confluent de deux grandes traditions spirituelles.


AUTRES OUVRAGES DU MÊME AUTEUR


La Sérénité de l'Instant, Dangles, 1992.

La Plénitude de l'Instant, Dangles, 1993.

Le Miracle de la Pleine conscience, l'Espace bleu, 1994.

La Vision profonde, Albin Michel, 1995.

Le Coeur de la compréhension, Village des Pruniers, 1995.

Sur les traces de Siddharta, Jean-Claude Lattès, 1995.

La Respiration essentielle, Albin Michel, 1996.

Bibliographie complète

ECKHART TOLLE

Tout ce qui existe a en soi un être, une essence divine, un certain degré de conscience. Même une pierre a une conscience rudimentaire, sinon elle n'existerait pas et ses atomes et ses molécules se disperseraient. Tout est vivant. Le soleil, la Terre, les plantes, les animaux, les humains sont tous des expressions de la conscience à divers degrés, de la conscience qui se manifeste sous une forme... 


La conscience se dissimule derrière des formes jusqu'à ce que celles-ci atteignent une telle complexité qu'elle se perd totalement en elles. Pour la plupart des humains présentement, la conscience est totalement identifiée à cette mascarade. Elle ne se connaît qu'en tant que forme et vit par conséquent dans la peur de voir sa forme physique ou psychologique être détruite. Il s'agit de l'ego, et avec lui s'installe un dysfonctionnement de taille. Cela semble indiquer qu'une erreur majeure s'est produite au cours de l'évolution. Pourtant, même cela fait partie du jeu divin, de lila. Finalement, la souffrance pressante que cet apparent dysfonctionnement a l'air d'occasionner oblige la conscience à se désidentifier de la forme et à sortir de ce rêve-là. Elle reprend conscience d'elle-même, mais à un niveau bien plus profond qu'avant qu'elle ne la perde...


Comprenez la portée, profonde et vaste du fait que vous soyez l'observateur de votre mental. Chaque fois que vous l'êtes, vous dégagez votre conscience des formes du mental et celle-ci devient alors ce qu'on appelle l'observateur ou encore le témoin. Par conséquent, le témoin - conscience pure au-delà de toute forme - se renforce et les élaborations du mental faiblissent. En agissant de la sorte, vous personnalisez un événement qui a une portée cosmique : à travers vous, la conscience sort de son rêve d'identification à la forme et se dissocie d'elle.


Quand la conscience se libère de son identification aux formes physiques et mentales, elle devient ce que l'on pourrait qualifier de conscience pure ou illuminée, ou encore de présence. Ceci est déjà arrivé à quelques personnes et apparaît voué à se produire à une plus grande échelle. Mais la grande majorité des humains est encore prise dans le piège qu'est le mode de conscience fondé sur l'ego, c'est-à-dire que les individus s'identifient à leur mental et sont contrôlés par lui...


Déjà, pour la plupart des gens, le seul répit en ce qui a trait à leur mental, c'est d'avoir occasionnellement recours à un niveau de conscience situé en dessous de celui de la pensée. C'est ce que tout le monde fait chaque nuit en dormant. Mais cela se produit également dans une certaine mesure au cours des relations sexuelles, ou en prenant de l'alcool et d'autres drogues qui réduisent l'activité excessive du mental... Par contre, ces drogues les empêchent d'avoir assez de présence consciente pour pouvoir s'élever au-dessus du niveau de la pensée et ainsi trouver la véritable libération.


Retomber à un niveau de conscience situé en dessous de celui de la pensée, qui est celui de nos lointains ancêtres, des animaux et des plantes, n'est pas une solution pour nous. Nous ne pouvons pas revenir en arrière. Si la race humaine veut survivre, elle doit passer à l'étape suivante.


Quant à la présence, le silence est un transmetteur encore plus puissant que la parole. Aussi, quand vous lisez ceci ou m'écoutez parler, prêtez attention au silence entre les mots et derrière eux. Soyez conscient des hiatus. Où que vous soyez, vous pouvez facilement devenir présent en écoutant le silence. Même s'il y a du bruit, il existe toujours un certain silence en dessous de lui et entre les sons. Le fait d'écouter le silence amène immédiatement le calme en vous... Et qu'est donc ce calme, si ce n'est la présence, la conscience libérée des formes-pensées.


Extrait de la Présence

APERÇU BIOGRAPHIQUE


Eckhart Tolle est un écrivain canadien anglais d'origine allemande, né en 1948 et habitant Vancouver. Il insiste sur la valeur spirituelle de l'attention au quotidien et de l'écoute du silence. Ses propositions d'exercices sont basées sur la simplicité d'une pratique de courts moments de méditation pour développer l'éveil de la conscience de soi, le sens de l'écoute et l'attention perceptive (corporelle). Cette pratique vise à faire taire quelques minutes le courant de la pensée ordinaire pour ressentir peu à peu la présence d'une forme de conscience de soi plus profonde, plus subtile. Elle vise le relâchement des conflits ou malaises existentiels propres à l'homme contemporain dans sa vie quotidienne pour une meilleure relation à lui-même.


L'OEUVRE


- Mettre en pratique le moment du pouvoir présent (Ariane - 2003).

- Le Pouvoir du moment présent ( Trédaniel - 2004)

- Nouvelle Terre : l'avènement de la conscience humaine (Ariane - 2005)

- Unité avec toute vie, 2009

- L’art du calme intérieur, 2011

Il existe aussi des CD reprenant les propositions de ces ouvrages.

VIMALA THAKAR

Site Vimala Thakar

Mes amis, le défi fondamental consiste à entrer soi-même en révolution et à permettre qu'un être humain naisse en soi. La voie à suivre pour cela est celle de la méditation. La méditation est une attention incluant tout.

Dans la méditation, le silence de l'esprit total aiguise votre être entier ; chaque cellule de l'être devient active. C'est pourquoi la totalité entrant en action et oeuvrant avec le mouvement de la vie est un événement prodigieux.

Quand l'esprit total devient silencieux, ce silence imprègne l'être entier. Savez-vous ce qu'est l'imprégnation du silence dans l'être ? L'imprégnation du silence dans la totalité de votre être est pure conscience. Nous n'avons pas de motifs, nous n'avons pas de buts, rien à acquérir et rien à sauver ; ainsi le mécanisme de défense ne fonctionne pas. La totalité de votre être devient consciente de tout ce qui se passe en vous et en dehors de vous, exactement depuis les orteils jusqu'à la tête. Vous devenez ainsi mouvement de conscience pure en chair et en os. Oh ! la beauté de cela.

Un être humain est encore à naître. Et voici le défi : "Suis-je désireux de laisser le nouvel être humain naître en moi ? Suis-je désireux de passer par une révolution si radicale que je naîtrai à nouveau ?"

Nous sommes tellement centrés sur nous-mêmes que nos perceptions sont aussi centrées sur nous. Et une personne centrée sur elle-même ne peut jamais regarder quelque chose dans la vie, ne peut pas être en relation avec les autres êtres humains. Elle est si occupée par son propre moi, par son ego, par ce qu'elle aime, ce qu'elle déteste, ses pensées, ses émotions ! Elle aime le monde seulement si le monde lui permet de se projeter sur lui. Nous vivons, pour la plupart, de cette façon. Nous créons des écrans de résistance, et l'ajustement des résistances mutuelles est appelé relation. C'est cela la matière des relations humaines. J'adapte quelques-unes de mes idées préconçues et de mes préférences aux vôtres, vous adaptez les vôtres aux miennes et nous appelons cela une famille. Nous appelons cela amitié.

C'est pourquoi je dis que les êtres humains sont encore à naître. Ce sont seulement des fragments qui ont émergé de l'animal humain qui habite ce globe. Les fragments sont quelquefois charmants, mais l'être humain harmonieux, total, est encore à naître.

Le commencement d'une vie nouvelle, d'une vie fraîche, n'a rien d'utopique. C'est possible. Elle se produit. Le silence de l'esprit, qui est humilité, vous donne une nouvelle dimension de vie. Vous serez d'accord avec moi pour dire que nous existons et ne vivons pas. Les moments de paix et d'harmonie sont rares. Les moments non contaminés par l'émotion et par la pensée son rares. Arriver à être en relation l'un avec l'autre dans l'humilité, dans l'état de non-engagement, de non-identification, est la voie méditative de la vie. Elle s'épanouit en amour et en affection.

Comment naît cette nouvelle voie ? On peut se mettre à la rechercher si on le veut. Si on est vraiment désireux de se libérer de l'état d'ennui, de l'état où les actions sont répétitives et mécaniques, alors c'est possible. S'il y a une sensation d'urgence à cet égard, alors c'est possible. Le sentiment de l'urgence, créant un état de non-identification, peut conduire quelqu'un à ce mouvement de silence.

Méditer, c'est vous déshypnotiser, méditer c'est retirer les verres que surimpose le mental. Méditer, c'est désapprendre ce que vous avez appris... Et alors, la réponse à la situation que vous vivez vient d'un plan de conscience totalement différent... Oh ! la beauté de vivre dans un état de non-identification et de non-engagement ! La beauté de cela ! La liberté de cela... Vivre en méditation ou suivre la voie méditative, c'est se mouvoir en liberté. La méditation est une manière de vivre, une totale manière de vivre. C'est la voie de l'attention tendre et de l'affection.


Extraits de l'Énergie du silence (Éd. Accarias - 1991)

APERÇU BIOGRAPHIQUE


Vimala Thakar est une Indienne et un auteur connu dans les milieux anglophones pour ses ouvrages de spiritualité qui sont souvent la mise noir sur blanc des nombreuses conférences et échanges donnés tout au long de trente années de voyage dans le monde entier. 

Elle est née en Inde, dans la province du Mahârâstra, près de Bombay en 1923, dans une famille de brahmanes. Elle y a grandi dans un climat de cosmopolitisme religieux et de tendresse familiale auquel elle dit devoir beaucoup. 

Après une formation universitaire et un voyage aux États-Unis et en Angleterre qui l'a mise en contact avec les disciplines scientifiques et les réalités technologiques, elle a rencontré Vinoba Bhave, héritier spirituel de Gandhi, soucieux de promouvoir une révolution sociale non-violente dans la société indienne. Elle est alors entrée dans le mouvement Bhoodan et y a passé huit années durant lesquelles elle a visité presque tous les états de l'Inde, tenant des meetings, organisant des camps de travail, collectant des dons de terres pour les distribuer aux paysans. 

Elle s'est formée durant ces voyages et à travers des séjours à l'étranger où elle a pu observer les effets de différentes formes de gouvernement et prendre conscience des méfaits causés par le racisme et les nationalismes de toutes sortes. Elle en a conclu à l'impuissance des systèmes politiques à rendre les hommes libres et heureux.

Elle a connu alors une crise spirituelle profonde et une remise en cause de toutes ses certitudes. Elle parle elle-même d'une nouvelle et douloureuse naissance. La rencontre de Krishnamurti a joué un rôle dans ce retournement et a fait basculer son désir de révolution sociale en une exigence préalable de transformation personnelle. En 1961, celui-ci lui a conseillé de changer son fusil d'épaule et de déplacer son champ de parole et d'action du domaine social au domaine spirituel. A commencé alors un long périple à travers le monde pour partager avec qui voulait l'entendre sa conviction sur la nécessité d'une libération intérieure. Le récit de ces voyages a été publié en Inde en 1996 par sa secrétaire Kaiser Irani, sous le titre Vimalaji's Global Pilgrimage. 

Comme Krishnamurti, Vimala n'a cessé de récuser en matière spirituelle le principe d'autorité. Ce n'est pas un enseignement hiérarchiquement cadré qu'elle a proposé mais un compagnonnage dans la recherche : "Je ne suis pas une autorité qui fait des exposés ou des discours, disait-elle. Je partage avec des amis, et ce partage est méditation." Vimala est décédée le 11 mars 2009 à Mont Abu (Rajasthan), à l'âge de 87 ans. 


OUVRAGES PUBLIÉS


La majorité des textes publiés par Vimala l'a été en anglais. 

Ont été traduits en français :

- Un éternel voyage (Le Courrier du Livre - 1968).

- La méditation, un mode de vie (Le Courrier du Livre - 1975).

- La méditation, un état d'être (Terre Blanche-1997).

- La bénédiction d'être vivant (le Courrier du Livre - 1986).

- L'Énergie du silence (Accarias - L'Originel - 1991).

- Le Yoga au-delà de la méditation (A.L.T.E.S.S.-2000).

YUDISHTHIRA

Dans le Mahabharata, les Pandavas, torturés par la soif et refusant de répondre à la voix de l'étang, périssent l'un après l'autre après avoir bu de son eau. Seul Yudishsthira, surmontant sa soif, accepte de répondre aux questions.


- Qu'est-ce qui est plus rapide que le vent ?

- La pensée.


- Qu'est-ce qui peut couvrir toute la terre ?

- L'obscurité.


- Qui sont les plus nombreux, les vivants ou les morts ?

- Les vivants, puisque les morts ne sont plus.


- Donne-moi un exemple d'espace.

- Mes deux mains jointes.


- Un exemple de chagrin.

- L'ignorance.


- De poison.

- Le désir.


- Un exemple de défaite.

- La victoire.


- Quel est l'animal le plus rusé ?

- Celui que l'homme n'a pas encore découvert.


- Qui apparut le premier, le jour ou la nuit ?

- Le jour, mais il n'a précédé la nuit que d'un jour.


- Quelle est la cause du monde ?

- C'est l'amour.


- Quel est ton contraire ?

- Moi-même.


- Qu'est-ce que la folie ?

- Un chemin oublié.


- Pourquoi les hommes se révoltent-ils ?

- Pour trouver la beauté, soit dans la vie, soit dans la mort.


- Qu'est-ce qui, pour chacun de nous, est inévitable ?

- Le bonheur.


- Et quelle est la grande merveille ? demanda la voix.

- Chaque jour la mort frappe autour de nous, répondit-il, et nous vivons comme des vivants éternels. Voilà la plus grande merveille.


Alors la voix qui parlait dans l'étang dit à Yuddishsthira : Que tous tes frères reviennent à la vie, car je suis Dharma, ton père, je suis la droiture, la constance, l'ordre du monde.


Extrait du Mahabharata

L'OEUVRE


Le Mahabharata, "la grande Geste des Bharata" est, avec le Ramayana, l'une des deux grandes épopées de l'hindouisme. Écrite en sanscrit, elle comporte plus de cent mille stances réparties en dix-huit chapitres. Composée entre 300 ou 400 avant notre ère et autant après, elle a reçu au cours du temps, sur un schéma de base déjà complexe, de multiples greffons légendaires et spéculatifs. Sa transmission orale, pendant des siècles, a enrichi, mais aussi brouillé le récit qui se présente aujourd'hui en trois parties.

Son sujet principal est le conflit entre deux clans rivaux, de même origine, mais de caractères opposés : les Pandavas et les Kauravas. Il est traité en trois parties : les origines du conflit, la guerre, les suites du conflit.

Parmi les personnages en présence, Yudishsthira, né du dieu Dharma, incarne la justice. Il s'agit donc d'un personnage fictif, porte-parole d'une sagesse. La source de celle-ci est, selon la tradition, le mage Vyasa, auteur présumé de l'épopée. Mais, là encore, Vyasa (le compilateur) est un nom commode derrière lequel se cachent des sources que nous ignorons.

Rappelons que la Bhagavad Gita, que nous citons ailleurs, fait aussi partie du Mahabharata qui a imprégné la tradition indienne dans toutes ses dimensions : religieuse, esthétique et philosophique.